Les départs des ministres de l’Intérieur, le général Jean-Baptiste Tine, et de la Justice, Ousmane Diagne, exigés par les « militants Pastef ultras », soutiens irréductibles de Sonko et partisans de sa ligne politique radicale, sont les deux actes marquants du premier remaniement du gouvernement du président Diomaye Faye.

Ce dernier a donc plié face aux pressions persistantes de son Premier ministre, Ousmane Sonko, qui vient de gagner son long bras de fer avec lui.

Les attaques violentes sur les réseaux sociaux, qui ont atteint leur paroxysme avec la sortie de Sonko lui-même, lequel avait déclaré qu’on l’empêchait de gouverner et menaçait de se retirer à l’Assemblée (une démarche absurde car impossible), ainsi que l’attaque frontale de Guy Marius Sagna qui a traité le président Diomaye Faye de « président illégitime », ont fini par démontrer qui est le vrai homme fort du pays.

Normalement, l’attaque verbale de Guy Marius Sagna devait lui valoir une convocation au bureau du procureur de la République. Au moins !

Mais il ne se passa rien, comme d’ailleurs après la sortie de Sonko qui devait lui valoir un limogeage, dans un État qui marche sur ses deux pieds, si l’on ose dire.

Avec ce remaniement, qui consacre Sonko comme le vrai patron, plus personne ne doit s’attendre à une ouverture politique permettant de rassembler au-delà des ultras de Pastef, pour mobiliser en vue de sortir le Sénégal de la situation économique catastrophique qui l’étouffe.

La politique de vengeance va se poursuivre avec son lot de dérapages judiciaires, que devront encore freiner magistrats et juges imperturbables, déterminés à servir l’État de droit que demeure le Sénégal.

Le départ de Mme Yacine Fall du ministère des affaires étrangères est un soulagement, car cette personnalité a brillé par son incompétence partout où elle a eu à prendre la parole.
Son remplaçant, Cheikh Niang, est un diplomate chevronné qui devrait faire beaucoup mieux pour redorer le blason de la diplomatie sénégalaise.
Par contre, la nomination de Yacine Fall à la Justice laisse perplexe.

L’arrivée du transhumant Déthié Fall au ministère des Infrastructures est un non-événement, car l’homme a été tristement célèbre pour avoir commis la bourde de ne pas avoir respecté la parité sur la liste des législatives, privant ainsi Sonko et toutes les autres têtes de liste d’élection en 2022.

Il finit ainsi sa traversée du désert pour retrouver ses « amis » qui ont conquis le pouvoir entre-temps.

La nomination de l’avocat Bamba Cissé au ministère de l’Intérieur est une surprise.
L’engagement radical de cette robe noire est payé de retour, mais le poste choisi est-il le plus indiqué ?

En fait, le seul prétexte de ce remaniement, annoncé depuis longtemps, est l’éviction des ministres de l’Intérieur Jean-Baptiste Tine et Ousmane Diagne, que Sonko avait apostrophés publiquement, leur reprochant de ne pas arrêter les opposants.

Ils ont ensuite fait preuve de beaucoup de dévouement dans ce domaine, mais sans doute pas assez.

Les remplaçants seront-ils plus efficaces pour satisfaire le patron de Pastef ?

Leur zèle sera-t-il compatible avec le respect de la loi et du droit ?
Un avocat n’est-il pas le plus habile à trouver les chemins pour contourner la loi sans la violer ?

Ce remaniement renforce la mainmise de Sonko sur l’État et isole davantage celui qui l’a nommé chef du gouvernement.
Les membres de la nouvelle équipe gouvernementale doivent se le tenir pour dit.