Il est des moments où l’on préférerait presque détourner le regard, tant l’embarras est palpable. Ce fut précisément le cas lors de l’intervention calamiteuse du Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, au prestigieux Forum économique mondial d’été à Tianjin, en Chine. Alors qu’on espérait entendre une voix éclairée portant haut les couleurs du Sénégal, c’est plutôt un florilège de confusions, d’inexactitudes grossières et de maladresses diplomatiques qui s’est présenté aux oreilles médusées de l’audience internationale.

Premier ministre d’un pays important, Ousmane Sonko semble pourtant ignorer jusqu’aux fondamentaux les plus élémentaires du continent qu’il prétend représenter. À commencer par le nombre d’États africains qu’il évalue à 53, alors qu’ils sont bel et bien 54. Comment comprendre une telle erreur, sinon par un désintérêt manifeste ou une ignorance affligeante ?

Mais ce n’était que le début du naufrage. Sonko poursuit, affirmant avec une assurance déconcertante que la CEDEAO abrite un peu plus de « 400 000 habitants ». Un chiffre ridicule, qui serait peut-être valable pour une ville moyenne du Sénégal, mais certainement pas pour une région qui compte plus de 400 millions d’âmes. On pourrait rire si l’enjeu n’était pas aussi sérieux : celui de la crédibilité internationale du Sénégal.

Visiblement désorienté, Sonko enchaîne les approximations linguistiques, confondant allègrement les termes « immatériel » et « immédiat », comme si les subtilités sémantiques lui étaient aussi étrangères que les réalités économiques et géopolitiques qu’il tente maladroitement d’évoquer.

Mais l’erreur la plus grotesque, celle qui souligne tragiquement l’étendue du vide culturel du Premier ministre, reste sa référence au « dramaturge Thucydide ». Ignorer que Thucydide est un historien majeur de la Grèce antique relève d’une ignorance presque pittoresque si elle n’était dramatique. On s’attendait à un homme d’État cultivé, capable de saisir les nuances d’une métaphore historique, et voilà qu’on se retrouve avec une caricature gênante, déconnectée du réel.

Plus inquiétant encore, Sonko révèle une incompréhension abyssale des dynamiques géopolitiques actuelles. Son analyse simpliste des tensions économiques mondiales, réduite à des banalités sur les taxes et les prétendues guerres économiques, démontre à quel point sa vision reste superficielle, naïve, et inadaptée aux réalités complexes du monde contemporain.

Et puis vint l’affront ultime. Dans un acte déplorable qui relève plus de l’humiliation nationale que d’une quelconque stratégie diplomatique, Sonko évoque à l’étranger la dette sénégalaise, fustigeant un prétendu niveau alarmant et une hypothétique « dette cachée ». Exposer ainsi son pays, publiquement et de manière si maladroite, est une faute diplomatique majeure. Ce prétendu patriotisme, brandi sans pudeur, se transforme en un véritable acte de sabotage national, humiliant chaque Sénégalais attaché à la dignité de son pays.

Il est temps d’agir et de rétablir la dignité du Sénégal sur la scène internationale. Face à ce désastre diplomatique, la seule issue honorable reste une exigence politique claire : le départ d’Ousmane Sonko. Cette mesure n’est pas seulement une nécessité politique, elle est un impératif moral pour le salut national.

La Déclaration de la CAVE (Collectif pour l’Avenir et la Vérité des Élites), qui sera rendue publique demain, affirmera fermement cette exigence. Les Sénégalais méritent mieux, et ce mieux commence par tourner définitivement la page Sonko.