
Le « Tera meeting », pendant lequel Ousmane Sonko a fait un one-man-show excessif, en décrétant par exemple les limogeages de Mimi Touré et du ministre de l’Environnement Abdourahmane Diouf, a eu un effet boomerang qui a fait exploser son duo avec Diomaye Faye, président de la République du Sénégal.
L’homme investi par le suffrage universel et qui, en tant que chef de l’État, est aussi chef suprême des Forces armées, préside le Conseil supérieur de la magistrature, nomme le Premier ministre et peut le limoger quand il veut.
Il est le garant du fonctionnement des institutions, nomme aux emplois civils et militaires et demeure la clé de voûte de la République.
En France comme au Sénégal, le président est une sorte de « monarque républicain » tant ses pouvoirs sont vastes et prépondérants.
Ce rappel est important, car le Premier ministre Ousmane Sonko semble avoir ignoré que le pouvoir est bien entre les mains de Diomaye Faye. Dès lors, entre duo et/ou partenariat, « Diomaye ne peut être Sonko » et vice-versa, contrairement au slogan servi lors des élections présidentielles.
C’est pourquoi le communiqué de Diomaye Faye limogeant Aïda Mbodj du leadership de la coalition « Diomaye Président » et la remplaçant par Mimi Touré est d’abord la réaffirmation de son autorité, et ensuite un cinglant désaveu de son Premier ministre, dont la langue avait fourché et l’avait entraîné dans le « saint des saints » où seul le chef de l’État officie pour signer les décrets de nomination.
Les responsables de Pastef, dont le chef Sonko, qui ont répliqué par un autre communiqué pour nommer Aïda Mbodj à un autre poste rebaptisé APTE, ont posé un acte de défiance vain.
Mais qui acte un divorce rampant, pour ainsi dire.
L’évidence est que « Diomaye moy Sonko » (Diomaye est Sonko) a volé en éclats. Sonko, qui tire plus vite que son ombre en prenant des décisions dont il n’a pas les prérogatives, est le seul à blâmer dans cette affaire. En effet, la guerre est bien déclarée entre les deux alliés, parce que le ressort de la confiance est cassé par les excès de Sonko.
Hier, il s’est absenté du Conseil des ministres et Diomaye en a profité pour préciser qu’il tenait à la structure « Coalition Diomaye Président » et entend la garder, alors que Sonko l’avait déclarée « dépassée ».
Cette option, qui explique la nomination de Mimi Touré comme superviseure, participe d’une volonté de pérenniser la structure. Mais à quelle fin ? La présidentielle de 2029 ?
C’est certainement la hantise de Sonko qui, avec le rejet de son rabat d’arrêt, reste dans le flou quant à sa participation.
La rebuffade de Diomaye serait donc un acte politique stratégique qui pose un jalon pour l’avenir.
Le choix porté sur Mimi Touré, ancienne ministre de la Justice et ancienne Première ministre, n’est pas le fruit du hasard.
Ainsi, par-delà les bombes des deux communiqués qui ont acté le divorce, le maintien de Mimi Touré et d’Abdourahmane Diouf dans l’attelage de l’Exécutif est riche de sens.
Tout en mettant en exergue la force de caractère de Diomaye.
Diomaye ne se laissera plus faire et, en vérité, il reste le maître du jeu.
Même s’il ne peut pas dissoudre l’Assemblée avant le mois de novembre 2026, quand cette nouvelle assemblée aura deux ans d’existence.
Mais il peut bien limoger le Premier ministre et utiliser le pouvoir d’État à son avantage.
Les militants « obscurantisés » de Pastef ont intérêt à se calmer et à faire durer cette période — certes d’affrontement ouvert, mais encore gérable — pour un bout de temps.
Toutefois, Sonko pourrait accélérer les choses en continuant à faire des déclarations explosives.
Peut-il s’en empêcher ?
Rien n’est moins sûr !
Il faut remarquer cependant que cette guerre ouverte au sommet de l’État arrive au plus mauvais moment, car le Sénégal traverse une situation économique alarmante qui devrait mobiliser toutes les énergies patriotiques.
La lutte de pouvoir avant la patrie ? Hélas !













