
Dans un entretien accordé à l’agence espagnole EFE à Madrid, le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, revient sur la récente résolution du Conseil de sécurité concernant le Sahara, défend la centralité du plan d’autonomie et insiste sur le fait que le droit à l’autodétermination ne signifie pas nécessairement un référendum. Il détaille également la position du Maroc sur les futures négociations, la place du Polisario, le rôle des partenaires internationaux et les évolutions attendues du plan d’autonomie.
Le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, affirme qu’« il n’existe nulle part » une conception du droit à l’autodétermination assimilée à un référendum. Interrogé par l’agence EFE à Madrid, il précise qu’il s’agit avant tout d’une « volonté » pouvant s’exprimer sous d’autres formes, notamment à travers un accord négocié. Ses déclarations interviennent au lendemain de la réunion de haut niveau entre les gouvernements marocain et espagnol, et dans le contexte de la résolution du Conseil de sécurité du 31 octobre.
Bourita qualifie ce texte onusien de « rupture » dans l’approche internationale du dossier. Selon lui, la résolution clarifie désormais toutes les bases : le plan d’autonomie marocain comme référence centrale, l’objectif final d’une autonomie sous souveraineté marocaine, l’identification des quatre parties aux négociations — Maroc, Algérie, Mauritanie et Front Polisario — ainsi que le calendrier à venir. « Pour une fois, nous avons une résolution qui définit les paramètres et la feuille de route », affirme-t-il.
Concernant la position espagnole, le ministre estime que Madrid a été « le premier à comprendre » la dynamique internationale en faveur de l’autonomie. Il rappelle que la déclaration bilatérale de 2022 avait qualifié l’initiative marocaine de « base sérieuse et crédible » et estime que la dernière résolution onusienne valide cette orientation.
Le Maroc prépare désormais un « plan de solution » actualisé. Celui-ci, explique Bourita, doit être élargi et détaillé, conformément à l’évolution institutionnelle et territoriale du pays depuis 2007. Des consultations ont déjà eu lieu avec les partis politiques, même si aucune date n’est fixée pour l’ouverture des négociations, qui devront être convoquées par les garants du processus. Les États-Unis, souligne-t-il, sont explicitement mentionnés comme pays hôte potentiel.
Interrogé sur une éventuelle discussion directe avec le Polisario, Bourita rappelle que la résolution désigne les participants et que le Maroc « respectera ce qui est prévu ». Il souligne également que Rabat attend d’être invité officiellement au lancement du processus.
Le ministre exprime par ailleurs son souhait que l’Europe soutienne une résolution définitive du conflit, afin de « développer pleinement » le partenariat avec l’Union européenne.
Sur la question des garanties à offrir à la population du Sahara, Bourita insiste sur la légalité internationale du plan d’autonomie et sur le soutien explicite de pays occidentaux majeurs. Il rejette l’interprétation automatique du droit à l’autodétermination comme référendum : l’expression de la volonté peut passer, dit-il, par la signature d’un accord conclu entre les parties.
Il précise également que le Maroc ne parle pas de « peuple sahraoui », mais de « population », reprenant le terme de la résolution onusienne. Concernant un éventuel mécanisme de supervision internationale pour la mise en œuvre de l’autonomie, il estime qu’il n’est pas nécessaire, la confiance internationale ayant déjà été accordée au plan de Rabat.
À propos du dossier de l’espace aérien du Sahara, Bourita confirme que la question progresse au sein du groupe de travail maroco-espagnol. Il affirme que le Maroc considère que tout élément « anachronique » doit être actualisé, tout en soulignant la capacité des deux pays à trouver des solutions « imaginatives » respectant les intérêts de chacun. Selon lui, la réalité opérationnelle montre déjà que la sécurité aérienne dans la région incombe au Maroc.















