
De nouvelles révélations permettent désormais de mieux comprendre les conditions ayant permis la libération des deux ressortissants émiratis et du citoyen iranien enlevés fin septembre près de Bamako.
D’après des sources sécuritaires concordantes, les trois otages ont été remis dans la soirée du 29 octobre aux médiateurs maliens dans une zone reculée du nord du pays.
Ils ont ensuite été transférés vers Gao, où un avion spécial les attendait pour les conduire à Bamako avant un départ immédiat vers Dubaï. Le président de la transition, le colonel Assimi Goïta, devrait les accueillir personnellement dans les prochaines heures.
Des négociations menées dans l’ombre
Cette libération est le fruit de discussions longues et discrètes, menées à l’abri des regards. Les tractations ont impliqué des intermédiaires maliens, des figures religieuses influentes et des représentants du groupe jihadiste Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM), affilié à Al-Qaïda au Maghreb islamique.
Selon plusieurs sources bien informées, le JNIM avait d’abord exigé une rançon de 100 millions d’euros. Après des semaines de pourparlers, un compromis aurait finalement été trouvé à hauteur de 50 millions d’euros, somme qui aurait été intégralement versée ces derniers jours.
En parallèle, les jihadistes auraient obtenu la livraison de 40 tonnes de munitions, discrètement acheminées depuis des dépôts situés au Tchad.
Un vaste échange de prisonniers
Les négociations ont également abouti à un échange de détenus sans précédent.
D’après les informations recueillies, 75 prisonniers affiliés au JNIM ont été libérés par les autorités maliennes en contrepartie de 61 soldats et agents de sécurité maliens jusque-là retenus par le groupe.
Une seconde phase de l’accord, déjà en préparation, prévoit la libération prochaine de 65 autres prisonniers jihadistes.
Cette opération complexe aurait été planifiée sur plusieurs jours, sous supervision discrète d’officiers maliens et d’intermédiaires régionaux.
Une décision à haut risque politique
Menée dans la plus grande confidentialité, cette opération illustre la stratégie pragmatique – et controversée – des autorités maliennes face à l’enlisement sécuritaire du pays.
Si Bamako célèbre la réussite de cette libération, la nature de l’accord – combinant rançon, transfert d’armes et libération de combattants jihadistes – soulève déjà de vives critiques, tant au Mali qu’à l’international.
Pour certains analystes, cette démarche révèle la vulnérabilité d’un État désormais contraint de négocier avec ceux qu’il combat.
Pour d’autres, elle traduit un pari politique risqué, destiné à redorer l’image d’un régime affaibli, cherchant coûte que coûte à afficher un succès symbolique dans un contexte de crises multiples – sécuritaire, économique et humanitaire.















