
Au moins 19 personnes ont été hospitalisées vendredi à Nairobi après une bousculade survenue durant les funérailles nationales de Raila Odinga, figure historique du Kenya. L’incident intervient un jour après qu’une fusillade a éclaté dans un autre stade de la capitale, faisant trois morts selon une organisation locale de défense des droits humains.
La cérémonie, organisée dans le stade Nyayo, avait débuté dans le calme, en présence du président William Ruto et de nombreux dignitaires. Mais après le départ des responsables officiels, des milliers de personnes ont afflué vers la dépouille, provoquant un mouvement de foule incontrôlable.
Selon les journalistes présents sur place, plusieurs spectateurs ont été contraints de sauter des gradins pour éviter d’être piétinés. Près du cercueil, des témoins ont décrit une scène chaotique : les forces militaires ordonnaient aux gens de s’agenouiller tandis que la foule continuait de pousser. La Croix-Rouge kényane a indiqué avoir pris en charge 80 blessés, dont 16 hospitalisés, tandis que l’hôpital national Jomo Kenyatta a confirmé 19 admissions.
Une cérémonie marquée par la tension et l’émotion
Cette nouvelle bousculade intervient au lendemain d’un mouvement de panique survenu dans le grand stade de Kasarani, où la dépouille de Raila Odinga avait été présentée au public. Les forces de sécurité, débordées par la foule, avaient tiré en l’air, provoquant une fuite massive. Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent des scènes de chaos et des personnes frappées à coups de bâton.
L’ONG VOCAL Africa a confirmé la mort de trois personnes à la suite de ces tirs. « L’usage excessif de la force contre les personnes venues rendre hommage est totalement injustifié », a déclaré Hussein Khalid, directeur de l’organisation, qui a appelé la police à faire preuve de retenue pour éviter d’autres drames.
Un hommage national pour une figure emblématique
Décédé mercredi en Inde à l’âge de 80 ans, Raila Odinga reste une personnalité majeure de l’histoire contemporaine du Kenya. Son engagement en faveur de la démocratie et des libertés publiques lui a valu un immense respect à travers le pays. Affectueusement surnommé “Baba” (papa) par ses partisans, il a joué un rôle central dans la mise en place de la Constitution de 2010, pierre angulaire du système démocratique kényan.
Huit années de détention pendant le régime de Daniel arap Moi (1978-2002) avaient renforcé son image de figure de courage et de résilience. Cinq fois candidat à la présidentielle, il incarnait pour beaucoup de Kényans un idéal de justice sociale et de pluralisme.
Une foule en deuil, un pays en tension
Vendredi, son cercueil recouvert du drapeau kényan a été porté par un véhicule militaire dans le stade Nyayo, devant des dizaines de milliers de citoyens venus lui rendre un dernier hommage. L’atmosphère mêlait ferveur et tristesse, dans un climat encore chargé par les événements de la veille.
La dépouille de Raila Odinga doit ensuite être transférée dans l’ouest du pays, sa région natale, où il bénéficiait d’un soutien populaire massif. Pour beaucoup, ses funérailles dépassent la seule dimension personnelle : elles symbolisent la reconnaissance d’une vie entièrement dédiée au Kenya et à son développement démocratique.