
Comme Ouattara en Côte d’Ivoire, Biya au Cameroun et Oligui au Gabon, Mamadi Doumbouya a lui aussi été déclaré président élu, à l’issue d’élections présidentielles taillées sur mesure pour lui.
Les chiffres annoncés — 85 % de taux de participation et plus de 86 % des voix obtenues — laissent rêveur, car tous les observateurs présents en Guinée ont constaté le manque d’engouement des électeurs et, conséquemment, l’arrivée dans les bureaux de vote « au compte-gouttes ».
À l’évidence, toutes ces élections manquent de crédibilité et confirment des pratiques antidémocratiques qui ne permettent pas aux populations de faire des choix libres quant aux leaders appelés à les diriger.
Dans le cas de la Guinée, il s’agit d’une pratique enracinée depuis l’accession du pays à la souveraineté internationale, en 1958.
Sékou Touré, premier président de la Guinée, a plongé l’ex-colonie française dans une dictature sanglante pendant vingt-six ans.
Son successeur, Lansana Conté, qui a inauguré l’ère des putschs dans ce pays naguère appelé « les rivières du Sud », gouvernera jusqu’à sa mort en 2008.
À sa mort, un autre putsch est perpétré par Moussa Dadis Camara, qui sera évincé pour laisser place à un régime dévoyé, dirigé par un ancien opposant, Alpha Condé, lequel choisira à son tour l’autoritarisme.
C’est ce dernier que Doumbouya va écarter pour prendre sa place et renouer avec les méthodes dictatoriales de ses prédécesseurs.
On le voit, depuis son indépendance, la Guinée a fait un long chemin… en tournant en rond, d’une dictature à l’autre.
Et l’élection qui vient de consacrer le pouvoir de Mamadi Doumbouya ne rassure guère sur l’avenir de ce pays martyrisé par le destin.
Il faut cependant reconnaître que Doumbouya agit pour doter la Guinée d’infrastructures modernes et pour améliorer des réseaux de transport très peu développés.
Les investisseurs internationaux affluent et réalisent des affaires juteuses avec les autorités.
Cela explique aussi que peu de voix s’élèvent pour critiquer le simulacre d’élection qui vient d’être organisé.
C’est exactement la même chose en Côte d’Ivoire, qui partage une frontière avec la Guinée.
Promouvoir la démocratie en Afrique n’est plus une priorité — si tant est qu’elle l’ait jamais été.
Il appartient donc aux populations concernées de faire des choix courageux : soit miser sur des actions de développement favorisant le décollage économique et, par ricochet, l’émergence d’une conscience exigeant la liberté de choix, soit accepter de subir des régimes autoritaires jusqu’à ce qu’ils touchent le fond.
En vérité, s’agit-il vraiment d’un choix ?
La résignation est-elle une option ? NON !














