Paul Biya

Les informations issues de la collecte des résultats dans les bureaux de vote, les déclarations des opposants et les manifestations populaires n’y auront rien changé : Paul Biya a été déclaré vainqueur par le Conseil constitutionnel avec plus de 53 % des voix.

Il faut désormais craindre que la rue s’enflamme et que la crise s’installe.

Car cette fois, un véritable ras-le-bol pousse les jeunes à se révolter.

Même si, par le passé, Biya s’était toujours imposé sans coup férir, les Camerounais acceptant le verdict du Conseil constitutionnel, résignés.

Mais à 92 ans, Biya a-t-il encore la force de mener jusqu’au bout, et en toute lucidité, un nouveau septennat ?

Ce serait étonnant, mais, apparemment, il aurait le soutien indéfectible de la hiérarchie militaire, entre autres forces sociales influentes.

Si la donne ne change pas, Biya va, de fait, « jouir » d’un mandat à vie.

Le problème est que, même si le cas camerounais est extrême, il ressemble beaucoup à la « norme » en Afrique centrale, où les mandats présidentiels à vie ou perpétuels sont devenus la routine : en Ouganda, au Rwanda, en Guinée équatoriale, au Congo-Brazzaville, et au Gabon jusqu’à récemment, avant le coup d’État du général Oligui qui a mis fin à la dynastie Bongo restée au pouvoir plus d’un demi-siècle.

Ailleurs sur le continent, on trouve aussi des « démocraties » boiteuses.

La Côte d’Ivoire, qui vient d’accorder un quatrième mandat à Ouattara, n’est pas non plus un modèle d’orthodoxie démocratique.

Ce que sont, en revanche, le Ghana, le Cap-Vert ou le Sénégal.

Il faut espérer que Biya se réveille de son sommeil dogmatique et prépare sa succession, avant que les contraintes liées au grand âge ne l’y obligent.

La longévité est une chose possible ; la durée sans fin au pouvoir ne l’est pas.