
Le gouvernement béninois a émis, le 12 décembre 2025, un mandat d’arrêt international contre Kémi Seba, figure controversée du panafricanisme et influenceur politique originaire du Bénin, a indiqué une source judiciaire. Ce développement marque une escalade notable dans l’affaire judiciaire qui oppose l’activiste aux autorités de Cotonou, dans un contexte politique déjà tendu dans le pays.
Une figure du panafricanisme au centre des tensions
Né Stellio Gilles Robert Capo Chichi à Strasbourg en 1981, Kémi Seba est un militant politique d’origine franco-béninoise connu pour ses positions radicales anti-occidentales et sa critique virulente des structures financières héritées de la période coloniale, comme le franc CFA.
Il s’est fait connaître au début des années 2000 en France comme fondateur de plusieurs mouvements panafricanistes ou nationalistes, parmi lesquels la Tribu Ka, dissoute en 2006 pour incitation à la haine raciale, puis d’autres organisations aux discours parfois jugés extrémistes.
Au fil des années, Seba s’est affirmé comme une personnalité influente dans certaines franges du mouvement panafricaniste, multiplie les campagnes contre l’influence occidentale en Afrique et s’oppose notamment au rôle historique de la France dans les affaires économiques et monétaires de la région.
Des antécédents judiciaires et politiques
Kémi Seba a déjà connu plusieurs démêlés avec la justice dans différents pays. Il a été arrêté à plusieurs reprises en France, notamment en octobre 2024 où il a été placé en garde à vue dans le cadre d’une enquête sur des accusations connexes à des ingérences étrangères, avant d’être relâché sans mise en examen.
Il a également été expulsé du Sénégal après des manifestations contre le franc CFA et d’autres actions jugées perturbatrices par les autorités locales.
Plus récemment en 2025, il a exprimé son intention de se présenter à la présidentielle béninoise de 2026, défiant les cadres politiques traditionnels du pays et critiquant ouvertement le président Patrice Talon.
Motivations du mandat d’arrêt
Selon les autorités béninoises, le mandat d’arrêt international vise plusieurs chefs présumés, bien que les détails précis n’aient pas été officiellement publiés. Des sources judiciaires indiquent que Seba est soupçonné d’activités jugées illégales ou porteuses de menaces à l’ordre public, dans un contexte où les autorités estiment que ses prises de position et ses actions politiques pourraient déstabiliser le pays.
Ce mandat survient à un moment particulièrement sensible au Bénin, quelques jours seulement après une tentative de coup d’État déjouée début décembre, durant laquelle Seba avait exprimé publiquement son soutien aux putschistes via les réseaux sociaux.
Réactions et implications régionales
L’émission d’un mandat d’arrêt international contre une figure aussi médiatique que Kémi Seba suscite des réactions contrastées à l’intérieur du Bénin et au-delà. Ses partisans dénoncent une instrumentalisation de la justice pour étouffer les voix dissidentes et un climat politique de plus en plus répressif à l’approche de scrutins clés.
Pour ses détracteurs, cette mesure s’inscrit dans un cadre légal visant à préserver la stabilité intérieure.














