Un nouveau pas important dans la restitution du patrimoine africain a été franchi samedi : les Pays-Bas ont officiellement restitué au Nigeria 119 sculptures anciennes, les célèbres bronzes du Bénin, pillés il y a plus d’un siècle durant la période coloniale.
Ces pièces d’une valeur inestimable – sculptures en bronze, ivoire et métal, datant des XVIe au XVIIIe siècles – avaient été arrachées au royaume du Bénin, dans le sud de l’actuel Nigeria, lors d’une expédition militaire britannique en 1897. Cette opération, menée en représailles à la mort de neuf officiers britanniques en mission commerciale, s’était soldée par des massacres, l’incendie de Benin City et le pillage du palais royal.
Plus d’un siècle après, les œuvres se trouvaient encore dans des musées et collections privées en Europe et aux États-Unis. Leur retour au Nigeria marque une avancée majeure dans la dynamique de restitution du patrimoine africain.
Une cérémonie officielle s’est tenue au Musée national de Lagos, en présence de plusieurs responsables nigérians et de représentants néerlandais. Quatre des bronzes restitués – parmi lesquels un buste royal, une défense d’éléphant et un petit léopard – ont été exposés symboliquement dans la cour du musée. Le reste de la collection sera réintégré au palais du roi traditionnel du Bénin, l’Oba Ewuare II.
« Ces sculptures incarnent l’âme et l’identité d’un peuple à qui elles ont été arrachées », a souligné Olugbile Holloway, directeur général de la Commission nationale des musées et monuments du Nigeria. Il a également salué un « acte de justice » et appelé à un traitement équitable du continent africain sur la scène internationale.
La ministre de la Culture, Hannatu Musa Musawa, a quant à elle affirmé que « le Nigeria doit reprendre possession de son histoire et de son héritage ». Elle a profité de l’occasion pour annoncer un accord avec l’Allemagne en vue de la restitution de plus de 1 000 autres bronzes du Bénin.
Si de nombreux pays européens entament désormais des démarches de restitution, le British Museum, qui détient une des collections les plus riches de bronzes du Bénin, continue de refuser leur retour, invoquant une loi britannique de 1963 qui interdit toute restitution d’objets appartenant aux collections nationales.