Selon une étude parue dans la revue scientifique Nature Communications, plusieurs grandes villes africaines pourraient connaître, dès les années 2020 ou 2030, des pénuries d’eau comparables à la crise du « Jour zéro » qui avait menacé Le Cap en 2018.

Des climatologues de l’université de Pusan, en Corée du Sud, alertent sur un scénario de pénuries majeures d’eau douce qui pourrait frapper de nombreuses métropoles du continent. Leur modélisation reprend l’exemple de la ville sud-africaine, où trois années de sécheresse historique avaient fait chuter les réservoirs à des niveaux critiques, au point de craindre l’arrêt total de l’alimentation en eau. La catastrophe avait été évitée de justesse grâce au retour de la pluie et à des restrictions draconiennes.

« Beaucoup de régions, y compris de grands réservoirs d’eau douce, pourraient être confrontées à un risque élevé de +Jour zéro de la sécheresse+ au cours des années 2020 et 2030 », avertissent les chercheurs Vecchia Ravinandrasana et Christian Franzke. Les zones les plus exposées se situent autour de la Méditerranée, en Afrique australe et dans l’Ouest des États-Unis.

Si l’étude cite également Los Angeles, l’Inde, le nord de la Chine ou le sud de l’Australie, elle insiste sur la vulnérabilité particulière des populations urbaines africaines, où l’urbanisation rapide se conjugue à des infrastructures d’approvisionnement souvent insuffisantes. À l’horizon 2100, quelque 753 millions de personnes pourraient être concernées par ces épisodes de pénurie, dont près de 200 millions dans les villes méditerranéennes.

Deux facteurs convergents alimentent cette menace : le changement climatique d’origine humaine, qui bouleverse le cycle de l’eau (évaporation accrue, précipitations inégalement réparties, assèchement des cours d’eau), et la hausse continue de la consommation.

Face à ce risque, les climatologues plaident pour des politiques publiques proactives, adaptées aux réalités locales, afin de renforcer la résilience des grandes villes africaines et d’éviter que la crise de l’eau ne devienne la norme de ce siècle.