Après des décennies à voir ses richesses minières exploitées par des puissances étrangères, l’Afrique veut reprendre la main. À l’issue d’un sommet régional sur le climat, un projet de déclaration de l’Union africaine (UA) propose la création d’une coalition de pays producteurs de métaux critiques, ces minéraux stratégiques au cœur de la transition énergétique mondiale.
Vers une « stratégie africaine pour les minéraux verts »
L’UA envisage de fédérer les nations détentrices de ressources comme le cobalt, le cuivre, le coltan ou le lithium dans une alliance destinée à promouvoir une coopération régionale durable, à créer de la valeur sur le continent et à mieux tirer parti de ses richesses minières. Cette initiative, présentée comme une véritable « stratégie africaine pour les minéraux verts », se veut un outil pour transformer ces ressources en levier de développement face au changement climatique.
Un enjeu géopolitique face à la domination chinoise
La Chine, qui domine largement l’exploitation mondiale de ces métaux indispensables aux batteries électriques, à l’armement ou aux technologies mobiles, voit désormais les regards des puissances occidentales se tourner vers l’Afrique. Washington, en particulier, multiplie les démarches pour sécuriser ses approvisionnements, notamment en République démocratique du Congo (RDC), l’un des territoires les plus riches au monde en minerais stratégiques.
Financement climatique : l’Afrique hausse le ton
Dans le même document, l’UA réclame également des engagements financiers plus forts des pays riches pour soutenir l’adaptation climatique. Mahamoud Ali Youssouf, président de la Commission de l’UA, a rappelé que le continent, responsable de seulement 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, en subit pourtant de plein fouet les conséquences.
Un rapport d’Oxfam et de l’Igad a récemment souligné que les huit pays membres de ce bloc d’Afrique de l’Est n’ont reçu que 1,7 milliard de dollars d’aide climatique annuelle en moyenne entre 2013 et 2022, soit à peine 4 % des 41,8 milliards nécessaires chaque année pour mettre en œuvre leurs plans climatiques d’ici 2030.
Vers la COP30 : un défi de financement
Alors que les pays riches se sont engagés à fournir 300 milliards de dollars par an lors de la COP29 en Azerbaïdjan, un montant jugé largement insuffisant, la prochaine COP30, prévue en novembre à Belém (Brésil), devrait chercher de nouvelles sources de financement pour combler ce déficit. L’Afrique entend, d’ici là, faire entendre sa voix et défendre ses ressources comme un atout stratégique mondial.