
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a averti, dimanche à Abuja, qu’elle pourrait imposer des « sanctions ciblées » à toute personne ou groupe qui entraverait le retour à l’ordre constitutionnel en Guinée-Bissau, à la suite du coup d’État intervenu fin novembre.
Cette mise en garde a été formulée à l’issue d’un sommet ordinaire des chefs d’État et de gouvernement du bloc régional, dont les travaux ont été largement dominés par la situation politique en Guinée-Bissau, ainsi que par la tentative de putsch récemment déjouée au Bénin.
S’exprimant devant la presse, le président de la Commission de la Cedeao, Omar Alieu Touray, a indiqué que l’organisation régionale « n’hésitera pas à imposer des sanctions ciblées aux individus ou groupes qui cherchent à entraver le processus de transition et le rétablissement d’un régime civil » dans ce pays lusophone d’Afrique de l’Ouest.
Le coup d’État en Guinée-Bissau est survenu à la veille de l’annonce des résultats provisoires des élections présidentielle et législatives du 23 novembre, un scrutin dont l’issue était vivement contestée par les camps du président sortant Umaro Sissoco Embalo et de son principal adversaire, Fernando Dias de Costa. Des militaires avaient alors annoncé la prise de « contrôle total du pays », l’arrestation du chef de l’État et la suspension du processus électoral.
Pays instable depuis son indépendance en 1974, la Guinée-Bissau a déjà connu quatre coups d’État et de nombreuses tentatives de putsch, ce qui en fait l’un des États les plus fragiles de la sous-région.
Réunis dans un contexte sécuritaire et politique tendu, les dirigeants ouest-africains ont également abordé la multiplication des coups d’État militaires enregistrés ces dernières années, notamment au Burkina Faso, en Guinée, au Mali et au Niger, aujourd’hui dirigés par des juntes et désormais réunis au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES), après leur retrait de la Cedeao.
Les enjeux sécuritaires, en particulier la propagation des violences jihadistes dans le Sahel et vers les pays côtiers, ont occupé une place centrale dans les discussions. « Aucune frontière ne peut nous protéger de la violence », a averti le président sierra-léonais Julius Maada Bio, qui assure la présidence tournante de la Cedeao.
Les chefs d’État de Guinée et de Guinée-Bissau, suspendus par l’organisation après les prises de pouvoir militaires, n’ont pas pris part à ce sommet, tout comme le président nigérian Bola Tinubu, représenté par son vice-président. Au-delà des putschs militaires, les dirigeants ont également exprimé leurs préoccupations face au recul démocratique observé dans plusieurs pays de la région, y compris sous des régimes civils.














