
La reprise des combats dans le Sud-Kivu a déjà poussé au moins 85.000 Congolais à fuir vers le Burundi. Femmes et enfants, majoritaires parmi les réfugiés, survivent dans des conditions extrêmes, tandis que les autorités locales et régionales lancent un appel urgent à l’aide internationale.
Une nouvelle offensive aux lourdes conséquences humanitaires
Au moins 85.000 personnes ont fui l’est de la République démocratique du Congo (RDC) après la récente avancée du groupe armé M23, soutenu par le Rwanda, pour trouver refuge au Burundi voisin, où elles vivent dans des conditions qualifiées de catastrophiques par les autorités locales, ont indiqué mardi plusieurs responsables burundais.
Après la prise de Goma en janvier puis de Bukavu en février, le M23 a lancé, début décembre, une nouvelle offensive dans la province du Sud-Kivu, le long de la frontière burundaise. Cette escalade est intervenue alors même que la RDC et le Rwanda signaient, à Washington, un accord de paix sous l’égide du président américain Donald Trump, illustrant le décalage persistant entre les initiatives diplomatiques et la réalité du terrain.
Retrait annoncé du M23 à Uvira, sans calendrier précis
Mardi, le chef de la branche politique du M23, Corneille Nangaa, a annoncé que le mouvement allait « retirer unilatéralement ses forces » de la ville stratégique d’Uvira, dont il s’était emparé la semaine précédente, affirmant répondre à une demande de la médiation américaine. Aucun calendrier précis n’a toutefois été communiqué, laissant planer l’incertitude sur l’évolution de la situation sécuritaire dans la région.
Des camps débordés et une population à bout
Selon Ezéchiel Nibigira, président de la commission de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), environ 25.000 réfugiés sont actuellement recensés à Gatumba, dans l’ouest du Burundi, et près de 40.000 à Buganda, au nord-ouest, des chiffres en augmentation constante. La majorité de ces déplacés sont des femmes et des enfants, vivant dans une extrême précarité.
Les besoins humanitaires sont immenses. « Il y a un manque criant de nourriture, d’abris, d’eau potable et de services de santé de base », a alerté M. Nibigira, soulignant que la promiscuité, le surpeuplement et l’insuffisance des infrastructures font craindre l’apparition et la propagation de maladies contagieuses. Il a lancé un appel pressant à la solidarité régionale et internationale.
Dans le sud-ouest du pays, la commune de Rumonge concentre à elle seule entre 20.000 et 25.000 réfugiés congolais, dont près de 3.000 arrivés en une seule journée.
Une crise appelée à s’aggraver
La semaine dernière, les Nations unies faisaient déjà état de plus de 200.000 déplacés à la suite de cette offensive, sans pouvoir déterminer précisément combien ont franchi la frontière burundaise. À mesure que les combats se poursuivent dans l’est congolais, la pression humanitaire sur le Burundi, l’un des pays les plus pauvres de la région, ne cesse de s’intensifier.














