Le président Ouattara

Après un triomphe à la présidentielle, où il a conquis un quatrième mandat dès le premier tour avec plus de 89 % des voix, le président Alassane Ouattara peut désormais gouverner en toute quiétude, avec une Assemblée nationale largement acquise à sa cause.

Mais ce tableau idyllique ne peut effacer les violences de la présidentielle, qui ont fait 11 morts, 71 blessés et plus de 1 600 interpellations.

Autre ombre au tableau : les principaux leaders de l’opposition n’ont pas pris part à la bataille des urnes, éliminés par la justice.

Dans ce contexte spécifique, ce triomphe électoral, comme il y a cinq ans lors du troisième mandat — très contesté, avec environ 85 morts dénombrés — doit pousser Ouattara à agir pour renouer le dialogue avec les opposants.

Cela afin de favoriser une paix sociale indispensable pour lui permettre de poursuivre son travail remarquable sur le plan économique, qui place son pays parmi les leaders en Afrique.

Cela ne sera pas facile, mais la Côte d’Ivoire a vécu d’autres épisodes plus difficiles, notamment la guerre civile des années 2010-2011.

Il est temps de repasser l’éponge du pardon, en mettant en exergue les valeurs africaines qui enracinent le dialogue communautaire dans toutes les sociétés du continent.

Le premier président du pays, Houphouët-Boigny, avait fait de la paix son étendard et avait ainsi réussi à bâtir un État inclusif, où toutes les communautés étaient représentées au gouvernement, y compris des personnalités étrangères.

C’est ainsi, avec le choix lucide du libéralisme économique, qu’il avait construit le « miracle ivoirien ».

Sur le plan économique, Ouattara est bien son héritier, ayant d’ailleurs été son dernier Premier ministre.

Il sait donc quel est le chemin à suivre pour tendre une main fraternelle à tous ceux qui veulent participer sincèrement à l’action de développement national.

La parenthèse sanglante de la guerre civile, qui a fait 3 000 morts, est restée dans les mémoires et devrait continuer à éveiller les consciences.

Toutes les sociétés africaines sont fragiles, car minées par l’œuvre de destruction profonde de la colonisation et par des divisions toxiques, créées et entretenues entre les ethnies et les États balkanisés.

L’homme d’État africain a, entre autres missions, celle de renforcer les piliers de la nation, souvent menacée.

La riche Côte d’Ivoire attise les convoitises, et ses fils doivent comprendre qu’elle se situe dans une zone de turbulence où terrorisme jihadiste, dictatures militaires et compétitions entre puissances étrangères constituent des menaces permanentes.

Ce n’est pas une raison pour abdiquer la démocratie, bien au contraire.