Le président sénégalais, Diomaye Faye, peut se féliciter d’avoir convaincu ses pairs réunis à Abuja pour décrocher la présidence de la Commission de la CEDEAO pour son pays, pour un mandat de quatre ans (2026-2030).

C’est une victoire diplomatique majeure pour le nouveau régime sénégalais qui avait, jusqu’ici, essuyé de nombreux revers, dont l’échec de son candidat, Amadou Hott, qui briguait la tête de la BAD (Banque africaine de développement).

La clé du succès a été la démarche adoptée par le chef de l’État sénégalais, qui a privilégié les contacts personnels avec ses pairs, en faisant preuve de tact et d’humilité.

En tant que « cadet », il a su gagner la confiance de ses aînés, dans une approche qui respecte la tradition africaine dont l’un des piliers est le respect des anciens.

Il s’y ajoute l’héritage diplomatique exceptionnel du pays de Senghor, qui reste un géant de la scène internationale.

À la tête de la Commission de la CEDEAO, le Sénégal fera face à des équations politiques difficiles à résoudre : la lutte contre le terrorisme, les menaces multiples contre la démocratie et le respect des libertés individuelles, en général.

La scission des trois États de l’AES (Mali, Burkina Faso et Niger), ainsi que les questions électorales en Guinée-Bissau et en Guinée-Conakry, figurent également parmi les dossiers sensibles.

La création toujours différée de la monnaie commune et la mise en œuvre effective de la ZLECAf (Zone de libre-échange continentale africaine), sans oublier les problèmes internes à la CEDEAO elle-même, où le commerce est perturbé par les actions jihadistes qui bloquent les convois entre Bamako et Dakar, ainsi qu’entre Bamako et Abidjan.

Cette situation impacte dangereusement les échanges économiques vitaux dans l’espace CEDEAO et nécessite des actions coordonnées de l’ensemble des États pour y remédier.

L’échec de la tentative de coup d’État au Bénin est un motif de satisfaction pour toute la CEDEAO, car le soutien apporté par le Nigeria à son voisin a été déterminant pour mettre en déroute les putschistes.

Le Sénégal devra faire ses preuves et démontrer, encore une fois, ses capacités à résoudre les conflits les plus complexes. Son action a été déterminante pour faire partir le dictateur gambien Yahya Jammeh et stabiliser la Guinée-Bissau.

Mais, pour ce dernier cas, la crise est de retour et la CEDEAO devra, encore, « mouiller le maillot » pour réconcilier les leaders politiques et ramener la paix sociale.