À l’approche du scrutin présidentiel du 25 octobre, la Côte d’Ivoire s’apprête une nouvelle fois à tester la solidité de sa démocratie. Près de 8,7 millions d’électeurs sont appelés aux urnes pour départager cinq candidats. Treize ans après la crise post-électorale de 2010-2011, le pays aborde ce rendez-vous avec la volonté affichée d’enraciner la stabilité politique acquise depuis une décennie.

Une campagne sous le signe de la continuité

Candidat à sa propre succession, Alassane Ouattara mise sur la continuité et le bilan. Sous sa bannière, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) vante la croissance économique, les infrastructures rénovées, l’électrification des zones rurales et l’amélioration des services publics. À Yamoussoukro, le chef de l’État a martelé son message : « La Côte d’Ivoire a trop souffert, nous devons poursuivre dans la paix et la stabilité ».

Cette stratégie s’inscrit dans une séquence politique où l’exécutif cherche à rassurer : ni rupture ni surenchère, mais l’idée d’un pays qui avance, lentement mais sûrement, selon ses partisans.

Une opposition affaiblie mais audible

Face au pouvoir, l’opposition peine à présenter un front uni. L’invalidation des candidatures de figures majeures — Laurent Gbagbo, Tidjane Thiam — par le Conseil constitutionnel a laissé un vide. Le paysage électoral s’est alors redessiné autour de candidatures dissidentes : Jean-Louis Billon (PDCI), Simone Ehivet Gbagbo (MGC), Ahoua Don Mello ou encore Henriette Lagou.

Privée de ses leaders historiques, l’opposition plaide néanmoins pour une gouvernance plus juste et une meilleure redistribution des richesses. Mais sa capacité de mobilisation reste incertaine.

Sécurité renforcée et institutions mobilisées

Conscientes de la charge symbolique du scrutin, les autorités ont renforcé le dispositif sécuritaire. Quelque 44 000 membres des forces de défense et de sécurité sont déployés. Les manifestations non autorisées ont été provisoirement suspendues. « La Côte d’Ivoire ne revivra pas les dérives du passé », assure Mamadou Touré, ministre de la Jeunesse et responsable de campagne du RHDP, tout en appelant à la vigilance face aux discours de haine circulant sur les réseaux sociaux.

Des missions d’observation nationales et internationales — CEDEAO, Union africaine, organisations de la société civile — suivront le scrutin afin de garantir sa transparence.

Un vote au-delà des frontières ivoiriennes

Au-delà de ses enjeux strictement nationaux, cette élection est observée dans toute l’Afrique de l’Ouest, région traversée par les incertitudes politiques, les coups d’État et les tensions sociales. Une présidentielle apaisée en Côte d’Ivoire serait perçue comme un signal de stabilité dans une sous-région fragilisée.

Pour nombre d’Ivoiriens, l’enjeu dépasse les candidats : il s’agit de consolider un processus démocratique encore fragile, de préserver les acquis économiques et d’éviter le retour des fractures du passé.