L’Équipe de France de foot a remporté le titre mondial pour la deuxième fois de son histoire.

C’est jour de joie en France, de fête, et de célébration de la deuxième coupe du monde gagnée par l’équipe nationale de football.

Comme il y a 20 ans, la liesse populaire déferle sur les Champs-Élysées et l’Hexagone pluriel va communier toute la nuit et demain encore et encore, et puis les rideaux seront baissés.

Le foot-business va certes continuer de prendre son envol et les vainqueurs du jour vont en profiter. À parts inégales, comme on le voit déjà au niveau des contrats publicitaires qui penchent d’un côté.

Il y a 20 ans, c’était la célébration du fameux slogan : « Black, Blanc, Beur » qui a fait long feu. Cette fois-ci, pas de slogan, une adhésion populaire qui est venue sur le tard, avec les victoires de l’équipe sur le terrain et la montée en puissance qui avait fait rêver à la victoire finale. La manière n’y a pas été souvent, même en finale ; mais les victoires, assurément oui.

Le président Macron qui s’y connaît en efficacité avait fixé un objectif, le plus élevé, la victoire. Les joueurs, l’entraineur et son staff l’ont conquise.

C’est à saluer. La persévérance de Didier Deschamps, aussi car il n’a pas écouté les critiques qui ciblaient « le grand nombre de joueurs noirs dans l’équipe ».
Ce problème ne peut être évacué par la seule victoire. Il dévoile une réalité obscure (pour ne pas dire noire) qui gangrène la société française et qui a pour nom racisme.

D’aucuns avaient rêvé que la victoire « Black, Blanc, Beur » allait faire reculer le phénomène. Ils ont pu constater que de 1998 à 2018 Jean-Marie Le Pen (en 2002) et sa fille Marine Le Pen (2017), du Front National (parti xénophobe et raciste) ont été qualifiés pour le second tour de l’élection présidentielle.

Le racisme ne recule pas en France et c’est le moins qu’on puisse dire. Évidemment le foot seul ne le fera pas reculer car le mal est profond et doit être attaqué à la racine.

Lorsqu’on propose les « CV anonymes » et le « Testing » à l’entrée des boites de nuit qui refusent l’entrée aux personnes de peau noire ou basanée on accepte, quelque part son impuissance.

C’est à l’école de la République qu’il faut semer la bonne graine de l’égalité en apportant l’aide nécessaire aux élèves dont les familles sont défavorisées. Il faut aussi pratiquer, comme le président Nicolas Sarkozy l’avait décidé, la discrimination positive.

Autrement la seule « méritocratie républicaine » ne permettra pas de résoudre le problème. Les études sociologiques de Pierre Bourdieu (« Les Héritiers ») l’ont démontré à suffisance : l’école reproduit les inégalités sociales. Il suffit de constater le pourcentage plus qu’élevé d’élèves qui réussissent à entrer dans les « grandes écoles » et qui viennent des classes sociales le plus favorisées.

Le milieu social est déterminant avec les possibilités offertes aux enfants qui en font partie. Dans les ghettos des banlieues, la réussite scolaire est l’exception, l’échec, presque trop souvent l’horizon indépassable.

Cette nouvelle victoire en coupe du monde du foot doit pousser à la réflexion la France plurielle est une réalité qui crève les yeux sur les terrains de foot, mais aussi partout dans le pays.

Sauf dans les grandes écoles, dans les grands corps de l’État, dans le gouvernement, dans le CAC 40 et même pour les postes d’entraineur de…foot.
Où sont les Tigana, Gerard Janvion, Maruis Trésor etc…?

Thierry Henri, meilleur buteur de l’équipe nationale de France de tous les temps était entraineur adjoint de l’équipe de Belgique. On n’a pas voulu lui donner du travail en France.

Il n’est pas question d’être rabat-joie, mais de garder les yeux et l’esprit bien ouverts.

Les vainqueurs du jour ont une nouvelle responsabilité d’exemplarité pour les jeunes français, toutes couleurs confondues, mais aussi pour la nation dans son ensemble.

Lilian Thuram, l’un des héros de 1998 l’a compris et a publié des ouvrages pour lutter contre le racisme. Il faut souhaiter que son action soit renforcée et que, dans les centres de formation et les écoles, la vraie citoyenneté soit enseignée.
Elle transcende les couleurs de peau et les mesquineries racistes qui font beaucoup de torts à la France.

Soit dit en passant la victoire de la France a été fêtée dignement dans beaucoup de pays africains.
Oui parce qu’il y avait dans l’équipe tricolore d’authentiques fils d’Afrique qui n’en sont pas moins de dignes citoyens français et fiers de l’être.