Le sommet de la francophonie qui s’ouvre jeudi à Erevan, en Arménie, va acter la nomination de Mme Louise Mushikiwabo, Ministre des Affaires étrangères du Rwanda au poste de secrétaire général de l’organisation internationale de la francophonie (OIF).
En effet, il n’y a plus de suspense après la décision du Canada et du Québec de ne plus soutenir la candidature de leur ressortissante et secrétaire générale sortante, Mme Michaelle Jean.
La France avait déjà choisi Mme Mushikiwabo, présentée par l’Union Africaine que préside actuellement Paul Kagamé, chef d’État du Rwanda. Et le président Emmanuel Macron a donc réussi à convaincre le Premier ministre canadien Justin Trudeau, pour faire pencher définitivement la balance du côté rwandais.
Il faut préciser que Mme Jean a beaucoup déçu et par le manque de rigueur de sa gestion et par le manque de dynamisme politique et diplomatique de son action, en tant que leader de l’OIF. Elle est aussi victime de la Realpolitik car les intérêts de Macron -qui cherche à renforcer ses relations avec Kagamé- ont lourdement pesé dans la balance.
Confier au Rwanda l’OIF c’est impliquer davantage ce pays dans la francophonie et le faire renouer avec une certaine tradition culturelle « installée » par la colonisation belge. Le choix de Kagamé d’« angliciser » le Rwanda va être « balancé », dans une certaine mesure par ce retour en francophonie.
L’OIF gagne ainsi sur le terrain de la lutte pour l’expansion en Afrique où elle demeure une force culturelle de premier ordre. L’Afrique est déjà le fer de lance de la francophonie et le continent ayant le plus grand nombre de locuteurs francophones. Et cela va prendre des dimensions exceptionnelles, de plus en plus. L’Afrique est l’avenir de la francophonie et les citoyens de l’Hexagone doivent en avoir conscience car leur propre culture est en péril.
De ce point de vue Mme Mushikiwabo a des atouts réels pour représenter dignement l’OIF. Elle a le background et la personnalité indispensable. Restera l’épreuve du terrain car la francophonie est minoritaire et fragile face au rouleau compresseur chinois, anglophone voire hispanophone.
Il n’y a pas de solution pertinente en dehors de l’émancipation économique, de la conquête scientifique et technologique pour imposer un espace francophone respecté et respectable. Ce qui n’exclut pas les beaux discours, la poésie et la littérature qui sont l’âme de la langue française.