Un appel au boycott des marques Afriquia, Centrale Danone et Sidi Ali fait beaucoup de bruit au Maroc.

L’appel au boycott des marques Afriquia (carburant), Centrale Danone (produits laitier) et Sidi Ali (Eaux en bouteilles) ne faiblit pas. Lancée depuis six jours sur les réseaux sociaux, la compagne a pris de l’ampleur depuis mardi dernier.

La réaction du ministre marocain de l’économie et de finance, Mohamed Bousaid, à la campagne de boycott contre certaines marques nationales n’a fait qu’accentuer l’ampleur de l’appel lancé depuis quelques jours sur les réseaux sociaux. En effet, rappelant lors de son passage au parlement, mardi dernier, l’impact d’une telle opération sur le produit national, le responsable a qualifié les partisans de cette campagne d’étourdis (Mdawikh).

Trois marques dans le collimateur

Mauvaise passe pour de nombreuses marques marocaines. En effet, depuis vendredi dernier, trois marques marocaines sont au centre d’une campagne de boycott afin de les obliger à baisser les prix. Pour le moment, c’est les stations-services « Afriquia » du groupe Akwa, le lait Centrale de « Centrale Danone » et la marque d’eau en bouteille « Sidi Ali » du groupe Holmarcom qui sont visées par cette campagne qui prend de l’ampleur de jour en jour.

Comparant les prix du carburant, du lait et de l’eau en bouteille avec les prix pratiqués dans certains pays européens, les partisans du boycott sont parvenus à la conclusion que la marge de bénéficie des marques marocains est supérieur à leurs homologues dans les pays développé. « Une situation inacceptable » affirment les boycotteurs sur les réseaux sociaux. Toutefois, entre fausses informations, chiffres erronés et rumeurs, il est difficile de mesurer l’ampleur et l’impact de ce boycott pour le moment.

Des soupçons de politisation

Depuis le début de cette campagne, plusieurs intellectuels, politiques et hommes d’affaires marocains ont rapidement dénoncé un mouvement visant certaines marques en particulier pour des raisons purement politique. Certains sont partis jusqu’à accuser ouvertement le parti de la Justice et du Développement (PJD) au pouvoir, d’orchestrer le mouvement pour nuire aux intérêts à l’un de ses alliés au sein du gouvernement.

Des accusations niées en bloc par plusieurs partisans de cette opération de boycott. Évoquant un mouvement spontané et populaire pour protester contre les agissements de certaines marques et dénoncer la cherté de la vie, les boycotteurs expliquent le choix des marques ciblées par leur position de leaders sur leurs marchés respectifs.

Des réactions maladroites.

Après la déclaration du ministre des finances au parlement, qualifiant les boycotteurs « d’étourdis », et qui a provoqué une large vague de colère sur les réseaux sociaux et un appel à des excuses officielles de la part du ministre, son collègue au sein du gouvernement a enchainé les maladresses. En effet, le ministre de l’Agriculture et propriétaire du groupe Akwa, concerné directement par le boycott à travers sa filiale Afriquia, Aziz Akhnouch, a déclaré lors d’un point de presse que ce boycott n’est autre qu’une campagne virtuelle qui n’aura aucun impact sur la production et la consommation sur le terrain.

Chez la centrale laitière, la réaction a été encore plus contestée. En effet, le directeur de communication de ladite entreprise est partie jusqu’à assimiler le boycott à une trahison de la nation. Pour le responsable, cette opération aura un impact néfaste sur quelque 100 000 agriculteurs et producteurs de lait qui fournissent l’entreprise qui se positionne aujourd’hui comme leader du marché marocain des produits laitier.