L’Armée nationale libyenne (ANL) autoproclamée de l’homme fort de l’est de la Libye, le maréchal Khalifa Haftar, a annoncé jeudi soir avoir pris le contrôle d’un important champ pétrolier dans le sud.
Le champ d’al-Fil produit actuellement environ 73.000 barils par jour. Il est géré par « Mellitah Oil and Gas », une coentreprise entre la Compagnie nationale de pétrole (NOC) et l’italienne ENI.
Les forces armées de Haftar ont pris le contrôle « pacifiquement » du champ d’al-Fil « en attendant de le livrer aux Gardes des installations pétrolières », selon le porte-parole de l’ANL, Ahmad al-Mesmari, qui s’exprimait sur sa page Facebook.
L’ANL mène depuis mi-janvier dans le sud-ouest du pays une opération militaire visant, selon elle, à y éliminer les « groupes terroristes et criminels ». Elle s’est déjà emparée sans combats de la ville de Sebha (650 km au sud de Tripoli) ainsi que d’un important champ pétrolier près d’Oubari, plus au sud.
Dans l’est du pays, les plus importants terminaux pétroliers sont également contrôlés par l’ANL. Leur gestion a été confiée à la NOC, qui tente tant bien que mal de garder sa neutralité entre les camps rivaux.
Mercredi, à Morzouk, le général Ibrahim Mohamad Kari, chef de la sécurité de cette ville du sud-ouest de la Libye, a été assassiné par un « groupe armé hors-la-loi », selon un communiqué le ministère de l’Intérieur du gouvernement d’union nationale (GNA), basé à Tripoli. Cet assassinat a eu lieu au lendemain de l’entrée à Morzouk des forces du puissant maréchal Haftar.
Selon des médias libyens, Ibrahim Mohamad Kari, de l’ethnie Toubou, a été assassiné chez lui. Morzouk, ainsi que les villes de Sebha et Oubari, se trouvent dans une région marginalisée et marquée, depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, par des combats tribaux et ethniques sanglants entre les communautés Toubou, Touareg et des tribus arabes.
Selon l’AFP, une partie des habitants de Morzouk, un des fiefs des Toubou, est hostile à l’opération menée par le maréchal Haftar, redoutant surtout des actes de vengeance de leurs rivaux arabes ayant pour la plupart rallié l’ANL.
Plus de sept ans après la chute de Kadhafi, la Libye est profondément divisée avec, d’un côté, le GNA, reconnu par la communauté internationale. Et, de l’autre, un cabinet parallèle appuyé par l’ANL qui règne sur le nord-est du pays et désormais une partie du sud-ouest.