Jacqueville, station balnéaire à l’ouest d’Abidjan, ambitionne d’être la première cité écologique de Côte d’Ivoire. La ville vient lancer un projet pour remplacer les assourdissants et polluants taxis-brousse ou “wôro-wôrô” par des voiturettes solaires à trois roues.
Ces tricycles solaires de fabrication chinoise sont couverts des panneaux photovoltaïques chargeant six batteries de 12 volts. Autonomie de circulation: 140 kilomètres. Leur promoteur, Marc Togbé, envisage déjà, selon l’AFP, d’étendre l’expérience aux villes d’Odiénné (nord-ouest) et de Korhogo (nord), dans les régions les plus ensoleillées au nord du pays.
Les voiturettes sont l’un des éléments d’un projet beaucoup plus vaste de la mairie de Jacqueville : la construction d’une nouvelle ville “écolo-touristique” sur 240 hectares au milieu des cocotiers, pour un budget prévisionnel de 6 milliards de FCFA (9,1 millions d’euros).
Logée entre lagune et océan, Jacqueville, longtemps isolée, connait un essor immobilier et touristique depuis l’inauguration en 2015 d’un pont qui la relie au continent et la place désormais à moins d’une heure d’Abidjan.
Paradoxe : Jacqueville parie sur le développement durable, alors que la zone produit l’essentiel du gaz et du pétrole ivoirien. En ce qui concerne le gaz, 235 MSCF/jour (millions de pieds cubique jour) proviennent des puits situés au large de Jacqueville. Selon l’AFP, ces activités ne profitent pas à la cité: les pipelines de plusieurs compagnies étrangères qui exploitent le pétrole et le gaz traversent Jacqueville jusqu’à des raffineries à Abidjan, sans que la municipalité dotée d’un budget total de 140 millions de FCFA (213.577 Euros) n’en tire bénéfice.
Mais les ambitions écologiques de Jacqueville se heurtent à une réalité énergétique bien différente au niveau national : la Côte d’Ivoire, leader dans le secteur de la production électrique en Afrique de l’ouest, a consommé à peine un mégawatt d’énergie solaire en 2018, alors que le pays vise une consommation de 11% provenant des renouvelables d’ici à 2020, selon l’Association ivoirienne des énergies renouvelables (AIENR).
La fourniture d’électricité de la Côte d’Ivoire (2.000 MW) est assurée à hauteur de 75% par l’énergie thermique et le reste par les barrages hydroélectriques.