Le Nigeria a exigé 62 milliards de dollars des majors pétrolières opérant sur son territoire, qui ont décidé de contre-attaquer devant les tribunaux. Un combat de titans que le gouvernement n’est pas assuré de remporter.
Cinq affaires sont en cours devant la Haute Cour fédérale de justice nigériane, pour contester la demande du gouvernement, selon l’AFP. L’État nigérian affirme vouloir un meilleur partage des revenus pétroliers dans le principal pays producteur de brut du continent africain.
Au Nigeria, la plus grande partie du brut est extraite par 5 majors – Shell, le français Total, les américains Chevron et Exxon Mobil, l’italien Eni – qui opèrent en partenariat avec la compagnie pétrolière nationale (NNPC) ou d’autres acteurs pétroliers.
Le ministre nigérian de la Justice, Abubakar Malami, a confirmé il y a quelques jours le montant controversé: « Nous demandons 62 milliards de dollars aux compagnies pétrolières », a-t-il dit à l’AFP, sans s’étendre davantage.
L’affaire remonte à un différend judiciaire réglé il y a un an : trois États du Sud-Est (Akwa-Ibom, Bayelsa et Rivers), où sont exploitées les principales réserves d’or noir, veulent obliger le gouvernement fédéral à réviser les accords passés avec les compagnies internationales, en faveur du Nigeria.
En jeu, une série de « contrats de partage de production » conclus en 1993 lors de l’attribution de champs en offshore profond. La loi adoptée la même année prévoyait que la part du gouvernement – calculée à l’époque sur la base d’un baril à 20 dollars – soit réévaluée en cas de hausse des prix du pétrole.
L’arrêt rendu par la Cour suprême du Nigeria le 17 octobre 2018 donne raison aux trois États plaignants et ordonne aux autorités « de mettre en place immédiatement un organe et le mécanisme nécessaire pour recouvrer toutes les pertes de revenus » subies par l’État.
Cette décision va alors servir de base légale au ministère de la Justice, chargé de récupérer les fonds, qui envoie des « collecteurs » auprès des opérateurs concernés.
En réaction, ces derniers ont lancé des procédures judiciaires en attente d’instruction à Lagos et à Abuja à l’encontre du gouvernement, selon des sources judiciaires. Il s’agit d’Equinor (Norvège), Esso (filiale de l’américain Exxon Mobil), CNOOC (China National Offshore Oil Corporation, Chine) et Shell Nigeria (anglo-néérlandais).