Les travaux de construction d’un deuxième pont sur le fleuve Logone, frontière naturelle entre le Tchad et le Cameroun, seront bientôt lancés pour permettre de réduire les coûts du transport et de rapprocher davantage le Tchad des ports camerounais de Douala et de Kribi, pour son accès à la mer et au marché international.
Encore quelques réglages et les travaux de construction du pont sur le fleuve Logone décidés par le Tchad et le Cameroun pourraient démarrer. Depuis lundi dernier, le comité bilatéral de pilotage et l’unité mixte de gestion du projet ont entrepris des réunions au cours desquelles il a été question de terminer avec les dernières démarches nécessaires à la bonne conduite du projet.
À l’issue de ces réunions, les autorités des deux pays ont estimé que les travaux pourront être lancés très bientôt.
« Au cours de notre dernière session tenue à Douala en octobre 2017, NDLR, nous avions annoncé qu’au courant de ce mois de juin, nous devions procéder à la pose de la première pierre. Malheureusement, il se trouve que le dossier d’appel d’offres qui avait été envoyé à la BAD depuis le mois de décembre dernier n’a toujours pas reçu la non-objection », a indiqué Jean Tchoffo, secrétaire général du ministère camerounais de l’Économie.
« Nous espérons que ce sera le cas très prochainement, de manière à ce que d’ici deux mois, l’on soit en mesure de lancer effectivement ce projet », a ajouté le responsable.
En effet, la Banque africaine de développement (BAD) reste très impliquée dans ce projet infra-structurel. À en croire les sources de l’Unité mixte de gestion du projet, l’institution financière panafricaine vient en aide au projet avec une enveloppe de 74 milliards de francs CFA, soit environ 110,19 millions d’euros. À ce financement devrait s’ajouter celui de l’Union européenne (UE) qui s’élève à 100 milliards de francs CFA, soit environ 148,9 millions d’euros.
Enjeux économiques et sécuritaires
La construction de ce pont, le second entre le Tchad et le Cameroun, répond à plusieurs objectifs pour les deux pays. Longue de 620 mètres, cette imposante infrastructure servira à relier via une route de 14,1 kilomètres prévue par le même projet, la ville de Yagoua dans la région de l’extrême nord du Cameroun, à celle de Bongor, au sud du Tchad.
D’après Ousmane Doré, directeur général de la BAD pour la région Afrique centrale, ce pont va libérer le potentiel économique des deux régions concernées : « L’essentiel du commerce entre le Cameroun et le Tchad, qui utilise le port camerounais de Douala pour son import-export, se fait par voie terrestre. Le nouveau pont va fluidifier le trafic et booster les échanges entre les deux pays ».
Aussi, pour acheminer le pétrole tchadien produit à Doba, il faut passer par un pipeline de 960 km jusqu’aux côtes camerounaises à Kribi. Or, avec le prochain pont, il faudra parcourir 103 km pour atteindre Moundou et ensuite 240 km pour arriver à Bongor, soit une distance réduite à environ le tiers.
Une ligne ferroviaire reliant N’Gaoundéré à N’Djamena
En dehors de l’aspect commercial ou économique, le pont devrait aussi contribuer à faciliter la sécurisation des marchandises et les personnes, face à la menace terroriste, notamment Boko Haram.
« Nous sommes à plus de 1 000 kilomètres de la mer. Toutes les marchandises qui viennent au Tchad transitent par le Cameroun. La route seule ne suffit pas. Maintenant nous sommes en train de penser qu’il faut développer également le chemin de fer pour pouvoir booster l’économie », a déclaré Mahamat Nguembang.
Rappelons que les deux pays travaillent aussi actuellement sur un projet d’une ligne ferroviaire devant relier N’Gaoundéré et N’Djamena.