Deux semaines après l’un des pires naufrages d’un bateau de migrants en Méditerranée, les dirigeants européens ont discuté jeudi à Bruxelles de la « difficile finalisation » d’un accord avec la Tunisie destiné à empêcher ces traversées et à lutter contre les passeurs.
La Commission européenne espérait conclure avant ce sommet de l’UE un protocole d’accord avec Tunis pour mettre en oeuvre un « partenariat global » comprenant un volet migratoire. Avec l’objectif d’étendre ensuite ce type de partenariat à d’autres pays de la région méditerranéenne, comme l’Egypte. Mais les discussions avec Tunis, sensibles, n’ont pas pu aboutir à temps, et doivent reprendre lundi, après la grande fête musulmane de l’Aïd al-Adha.
Le partenariat, qui comporte aussi un renforcement des liens économiques et commerciaux et une coopération en matière d’énergie verte, est assorti d’un soutien financier s’élevant à plus d’un milliard d’euros.
Il avait été annoncé le 11 juin lors d’une visite à Tunis de la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, accompagnée de la cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, et de son homologue néerlandais, Mark Rutte. Il suscite toutefois les inquiétudes de quelques Etats membres en raison de la dérive autocratique du président Kais Saied.
L’aide européenne est en partie liée à l’octroi par le Fonds monétaire international (FMI) d’un crédit de 2 milliards de dollars en cours de négociation, assorti de conditions. Mais depuis la visite du trio, le président Saied répète que la Tunisie ne sera pas « le garde-frontière » de l’Europe et ne se pliera pas à ce qu’il qualifie de « diktats » du FMI.
Dans le détail, l’aide européenne annoncée pour la Tunisie comprend un prêt pouvant aller jusqu’à 900 millions d’euros, mais aussi une aide budgétaire de 150 millions d’euros et un paquet de 105 millions d’euros pour la gestion de la migration pour 2023.
L’UE prévoit de livrer d’ici l’été des bateaux, radars mobiles, caméras et véhicules à la Tunisie pour l’aider à renforcer le contrôle de ses frontières maritimes et terrestres. Une coopération policière et judiciaire accrue est prévue pour lutter contre les réseaux de passeurs.
L’accord vise aussi à renvoyer plus facilement en Tunisie les ressortissants de ce pays qui sont en situation irrégulière dans l’UE. L’UE finance en outre les retours « volontaires » de migrants d’Afrique subsaharienne depuis la Tunisie vers leurs pays d’origine : 407 retours ont été ainsi financés depuis le début de l’année, selon la Commission.