Le président tunisien Kaïs Saïed et son Premier ministre, Hechim Mechichi sont désormais en conflit ouvert. En cause, un nouveau remaniement ministériel initié par le Chef du gouvernement qui ne passe pas auprès du chef de l’Etat, qui n’a pas manqué de le manifester.
Le Premier ministre tunisien a opéré un changement dans son gouvernement et a présenté à l’Hémicycle onze nouveaux ministres, qui ont reçu le vote de confiance du Parlement. Un changement politique pas du tout apprécié par le président de la République, Kaïs Saïed, qui n’a pas manqué de le faire savoir.
Le chef de l’Etat tunisien a fait une sortie, lundi dernier, sermonnant son Premier ministre qu’il a accusé d’enfreindre la Constitution et d’avoir choisi quatre ministres sur lesquels pèsent des soupçons de conflits d’intérêts, rapporte RFI.
Le président Kaïs Saïed avait pourtant nommé lui-même, Hichem Mechichi, au poste de Premier ministre l’été dernier, le chargeant de mettre en place un gouvernement de technocrates pour conduire les réformes.
Mais Hichem Mechichi s’est tracé une autre ligne de conduite, en se rapprochant du parti islamiste Ennahda, première force au Parlement, mais opposé au président Kaïs Saïed. Une démarche sans doute guidée par une crainte de blocages parlementaires et les jeux d’alliances.
En procédant à ce nouveau remaniement, Hichem Mechichi a même limogé le ministre de l’Intérieur tunisien, pourtant réputé très proche du président Saïed, souligne encore le média français.
Entre les deux hommes, rien ne va plus, désormais, et l’instabilité politique s’est déjà installée, exacerbée par la crise économique et sociale. Des manifestations ont d’ailleurs éclaté ces derniers jours en Tunisie.
Mardi dernier, plusieurs centaines de manifestants s’étaient massés devant le Parlement, dénonçant notamment les violences policières, les difficultés économiques, et réclamant la libération d’un millier de jeunes arrêtés la semaine dernière lors d’affrontements avec la police.
En Tunisie, le régime semi-parlementaire, issu de la Constitution de 2014, octroie des prérogatives larges au chef du gouvernement et limite celles du chef de l’État.
Dix ans après la révolution de 2011, la situation est toujours aussi confuse et tendue en Tunisie. La crise socio-économique et les crispations politiques sont toujours vives dans le pays.