Le  président tunisien Kaïs Saïed

Le président tunisien Kais Saied a ordonné samedi l’expulsion de la plus haute responsable syndicale de l’Union européenne pour des déclarations qualifiées par Tunis d’ « ingérence flagrante » ; dernier épisode d’un bras de fer opposant le président Said aux syndicalistes.

« Sur ordre du président Kais Saied, les autorités tunisiennes ont ordonné le départ d’Esther Lynch », la secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats, a indiqué la présidence dans un communiqué.

Esther Lynch « a pris part à une manifestation organisée par l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) et a tenu des propos qui constituent une ingérence flagrante dans les affaires intérieures de la Tunisie », selon le communiqué. Les autorités lui ont donné 24 heures pour quitter la Tunisie où elle est désormais considérée comme « persona non grata », selon la même source.

Plus tôt dans la journée, la responsable syndicale européenne avait pris part à une manifestation ayant réuni des milliers de syndicalistes dans la ville de Sfax (Centre-est), à l’appel de la puissante centrale syndicale UGTT.

Venue apporter la « solidarité de la part de 45 millions de travailleurs en Europe », Esther Lynch s’est adressée par l’intermédiaire d’un interprète à la foule réunie dans ce bastion historique du syndicalisme tunisien.

« Nous disons aux gouvernements : ne touchez pas à nos syndicats, libérez nos dirigeants », avait-elle lancé. Le gouvernement tunisien doit « s’asseoir et négocier avec l’UGTT pour trouver une solution » afin d’améliorer la situation politique et économique actuelle, avait-elle ajouté.

Le porte-parole de l’UGTT, Sami Tahri, a déclaré à la radio privée Mosaïque FM que les déclarations samedi de Mme Lynch étaient une « défense du droit de se syndiquer et non une ingérence dans les affaires de la Tunisie ». « Nous condamnons (son expulsion), qui n’apporte aucun honneur à la Tunisie », a-t-il ajouté.

La manifestation à Sfax samedi était organisée simultanément à de nombreuses autres dans plusieurs villes du pays afin de protester contre la dégradation de la situation économique et l’arrestation d’Anis Kaabi, responsable de la branche autoroutes de l’UGTT. Ce dernier est en détention provisoire dans l’attente d’un procès fixé au 23 février, pour avoir lancé une grève sur les péages. L’UGTT a annoncé des sit-in et rassemblements contre la politique de M. Saied, avec comme point culminant une marche à Tunis le 11 mars.