Rached Ghannouchi, chef historique du parti d’inspiration islamiste Ennahdha, arrivé en tête des législatives.

Le chef du mouvement tunisien Ennahdha, Rached Ghannouchi, un des principaux opposants au président Kais Saied, a comparu hier mardi au pôle judiciaire antiterroriste à la suite d’une plainte l’accusant d’avoir traité les policiers de « tyrans ».

La comparution de Rached Ghannouchi après la plainte déposée selon son parti par un syndicat de police, survient dans la foulée d’une série d’arrestations menées dans les milieux politiques depuis début février.

Ghannouchi, bête noire du président Saied, doit aussi se présenter jeudi devant la brigade de recherche et d’investigation de la police dans le cadre d’une autre enquête ouverte sur la base d’une plainte d’un policier affirmant être en possession d’un enregistrement téléphonique compromettant pour le chef d’Ennahdha, selon son parti.

« Ce sont des procès montés de toutes pièces (…) qui ciblent l’opposition avec des dossiers vides », a déclaré à la presse Ghannouchi à son arrivée aux bureaux du pôle antiterroriste, accusant le pouvoir d’ « instrumentaliser la justice ».

Par ces procès, le pouvoir tente de « camoufler les vrais problèmes de la Tunisie », a ajouté Rached Ghannouchi au milieu d’une foule de ses partisans et de ses alliés politiques. Présent sur place, Ahmed Néjib Chebbi, président de la principale coalition de l’opposition, le Front de salut national, a dénoncé « un acharnement judiciaire » contre Ghannouchi.

« C’est une politique de courte vue face aux échecs économiques et sociaux et face à l’isolement international du pouvoir », a-t-il déclaré à l’AFP, assurant que « la répression n’a jamais arrêté le torrent de la liberté ».

Rached Ghannouchi, qui dirigeait le Parlement dissous en juillet 2021 par M. Saied, avait déjà été entendu en novembre 2022 par un juge du pôle judiciaire antiterroriste pour une affaire en lien avec l’envoi présumé de djihadistes en Syrie et en Irak. Il avait aussi été interrogé en juillet pour des soupçons de corruption et blanchiment d’argent liés à des transferts depuis l’étranger vers une organisation caritative affiliée à Ennahdha.