L’assassinat à Sfax, jeudi dernier, de l’ingénieur tunisien proche du Mouvement du Hamas, Mohamed Zouari, ne passera pas sans dégâts. Attribuée par le mouvement palestinien à Israël, cette exécution a provoqué la colère des tunisiens. Selon les premiers éléments de l’enquête menée par les autorités tunisiennes, « des éléments étrangers » sont impliqués dans l’opération.

Le porte-parole des tribunaux de Sfax, Mourad Turki, avait déclaré que le portrait d’un « ressortissant belge d’origine maghrébine » avait été transmis à Interpol. Un autre suspect « de nationalité suisse » est aussi recherché. Pour le moment, huit personnes ont déjà été interpellées, dont une journaliste tunisienne qui avait récemment interviewé l’ingénieur. Quatre véhicules et deux armes équipées de silencieux ont été saisis.

Revenant sur les détails de cette opération, plusieurs sources proches de l’enquête ont assuré que la voiture de la victime a été criblée de balles après quelques secondes de tires. Vingt impacts de balles au total ont été relevés sur le véhicule, dont huit ont pu toucher l’ingénieur devant son domicile à Sfax sud. Ses funérailles se sont déroulées dimanche en petit comité.

Pour la presse tunisienne, « La souveraineté nationale est en jeu ». Dans ce sens, plusieurs appels à manifester ont été lancés par des formations politiques, lundi soir et mardi ainsi que sur les réseaux sociaux. De son côté, le mouvement islamiste tunisien « Ennahdha » a été le premier à « dénoncer un meurtre menaçant la stabilité du pays ». Plusieurs autres groupements ont aussi appelé à manifester. L’Ordre des ingénieurs tunisiens a, quant à lui, appelé à une « journée de colère » et au port d’un brassard noir par ses membres sur tout le territoire.

Pour rappel, les autorités israéliennes n’ont toujours pas réagi officiellement aux accusations du Hamas. Toutefois, l’État hébreu a déjà des antécédents et a été impliqué à plusieurs reprises dans l’assassinat des membres de groupes activistes, notamment en Tunisie. En 1988, le numéro deux de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP), Abou Jihad, avait été tué par des commandos israéliens à Tunis.