Rached Ghannouchi, chef historique du parti d’inspiration islamiste Ennahdha, 

Rached Ghannouchi, chef du mouvement islamo-conservateur tunisien Ennahdha arrêté en avril, a été condamné lundi à un an de prison pour « apologie du terrorisme ».

Ghannouchi, 81 ans, principal opposant au président Kais Saied, avait été arrêté le 17 avril et placé sous mandat de dépôt à la suite de déclarations dans lesquelles il avait affirmé que la Tunisie serait menacée d’une “guerre civile” si les partis de gauche ou ceux issus de l’islam politique comme Ennahdha, y étaient éliminés.

 

Mais sa condamnation de lundi est liée à une autre affaire dans le cadre de laquelle il a été entendu en février par le pôle judiciaire antiterroriste avant d’être libéré. Sa convocation faisait suite à une plainte déposée par un syndicat de policiers qui l’accuse d’inciter les Tunisiens à s’entretuer, en raison de propos tenus début 2022, lors des obsèques d’un leader d’Ennahdha. Il avait alors affirmé que le défunt « ne craignait pas les dirigeants ou les tyrans ».

Outre la peine de prison d’un an, Ghannouchi a été condamné à une amende de 1.000 dinars (300 euros), selon la même source. Aucune réaction n’a pu être obtenue par l’AFP auprès de son parti dans l’immédiat.

L’opposant, bête noire du président Saied, avait également été entendu en novembre 2022 par un juge du pôle judiciaire antiterroriste pour une affaire en lien avec l’envoi présumé de djihadistes en Syrie et en Irak.

Ghannouchi est le plus célèbre opposant arrêté depuis le coup de force du président Kais Saied qui a pris les pleins pouvoirs en juillet 2021. Il dirigeait le Parlement alors dissous par le président Saied.

Les Etats-Unis et l’Europe avaient critiqué son arrestation en avril mais le président Saied avait rejeté ces critiques, les qualifiant d'”ingérence flagrante” dans les affaires tunisiennes. Au lendemain de son arrestation, les autorités tunisiennes avaient fermé les bureaux de son mouvement dans tout le pays.

Depuis début février, les autorités ont incarcéré plus de 20 opposants et des personnalités parmi lesquelles des ex-ministres, des hommes d’affaires et le patron de la radio la plus écoutée du pays, Mosaïque FM.

Le président Saied, accusé par l’opposition de dérive autoritaire, a qualifié les personnes arrêtées de « terroristes », affirmant qu’elles étaient impliquées dans un « complot contre la sûreté de l’Etat ».