Malgré un scrutin boycotté par 14 partis d’opposition, les Togolais se sont rendus aux urnes jeudi dans le calme et sous forte présence militaire pour élire leurs députés. Selon les observateurs, les résultats de ces élections devraient voir le parti au pouvoir très largement vainqueur.
La journée de vote s’est déroulée sans heurts, sous l’oeil de 8.000 personnels de sécurité (gendarmes, policiers et militaires), alors que l’opposition avait demandé à ses partisans « d’empêcher » les élections, écrit l’AFP.
Boycotté par les principaux partis de l’opposition, qui n’ont présenté aucun candidat, le scrutin devrait en effet permettre au parti au pouvoir UNIR de remporter les 4/5 des sièges au parlement où il pourrait alors faire passer une réforme constitutionnelle autorisant le président Faure Gnassingbé de se représenter en 2020 et 2025.
Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005, a succédé dans la violence à son père, le général Eyadema Gnassingbé, qui a dirigé le pays d’une main de fer pendant 38 ans.
« Le peuple togolais montre à travers cette mobilisation sa maturité et son sens du devoir », se réjouit Toba Tanama, porte-parole de la présidence, qui prévoit une participation « au-dessus de la moyenne ».
Pourtant, dans de nombreux quartiers, comme à Bé ou Agoa, les fiefs de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) et du PNP (Parti National Panafricain), certains bureaux ont reçu les électeurs au compte-gouttes, selon des témoignages recueillis par l’AFP.
La CEDEAO critiquée
L’opposition reproche au pouvoir d’avoir organisé « les élections législatives par un organe uniquement composé de représentants au pouvoir afin de conduire le processus électoral de manière unilatérale et de favoriser un énième hold-up électoral ».
181 observateurs internationaux composés essentiellement de membres de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ou de l’Union africaine, ainsi que près de 3.000 observateurs nationaux ont été déployés dans le petit pays d’Afrique de l’Ouest.
La Cédéao, qui a joué un rôle de médiateur dans la crise et a coordonné des négociations ratées, a été fortement critiquée par l’opposition, certains accusant l’organisation de « complaisance » avec le pouvoir togolais.
Depuis plus d’un an, l’opposition multiplie les marches de protestation pour demander la démission du président Faure Gnassingbé et la limitation à deux du nombre de mandats présidentiels. Les manifestations des 8 et 10 décembre ont fait au moins quatre morts – six selon l’opposition – tués par balles à Lomé et Sokodé.