Manifestation à Lomé contre le président togolais Faure Gnassingbe le 5 octobre 2017

Le mal rongeant l’opposition togolaise semble incurable : le cancer de la désunion ;

Le scrutin présidentiel du 22 février prochain sera encore marqué par les candidatures multiples de nombreux leaders naguère regroupés au sein de la C14 (coalition qui regroupait 14 partis d’opposition). Jean-Pierre Fabre de l’« Alliance pour le changement »s’est lancé le premier et il vient d’être suivi par Agbéyomé Kodjo, de la « coalition des forces démocratiques ».

On peut parier que d’autres opposants vont venir grossir les rangs et …fragiliser encore davantage le bloc des opposants au président Faure Gnassingbé. Ce sont bien les démons de la division qui ont cassé la dynamique redoutable enclenchée en 2017, avec des marches qui ont secoué le Togo, pendant des mois.

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Face à la bourrasque, le régime de Faure avait été contraint de jouer l’apaisement en autorisant les manifestationsn, en libérant un certain nombre d’opposants arrêtés, en levant le contrôle judiciaire de Jean-Pierre Fabre, entre autres actes positifs.

Toutefois, à l’usure, le pouvoir va finir par s’imposer, il est vrai en profitant des erreurs stratégiques et tactiques de ses adversaires. Ces derniers se sont trompés lourdement en boycottant les législatives de 2018. Des figures montantes comme Tipi Atchadam avaient opté pour un « retrait » de la scène incompréhensible.

L’implosion de la coalition C14, abandonnée par la moitié de ses membres, a ouvert un boulevard au régime qui a reconquis, pied à pied tout le terrain politique perdu. Aujourd’hui, à moins de deux mois de la présidentielle, l’opposition est loin d’être en position de force, comme en 2017.

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Mais elle a encore des cartes importantes à jouer pour mobiliser l’opinion publique. Certes en rangs dispersés, sa crédibilité est écornée, mais elle pourrait s’entendre sur certains points, pour éviter les critiques en son sein et privilégier les attaques contre l’adversaire commun.

Evidemment, Faure ne se privera pas de cibler les divisions irréductibles d’une opposition dont les membres sont plus intéressés par leur propre situation personnelle qu’autre chose. Pourtant, même si le temps joue contre les opposants, un sursaut de lucidité n’est pas à exclure.

Si une candidature unique semble impensable, Jean-Pierre Fabre pourrait attirer davantage que beaucoup d’autres. A lui de trouver les arguments de poids, comme, il y a trois ans, pour rassembler et fédérer. En espérant que Tipi, mais aussi Me AGboyibo, par exemple, ne décident de descendre dans l’arène.

A suivre…