l’armée togolaise

Cinq militaires dont un général ont été condamnés mardi soir au Togo à des peines de 5 à 20 ans de prison pour le meurtre en 2020 du colonel Bitala Madjoulba, membre du cercle rapproché du président Faure Gnassingbé.

Le 3 mai 2020, le colonel Bitala Madjoulba assiste à l’investiture du président Faure Gnassingbé, réélu à la tête du Togo pour un 4e mandat. Commandant du 1er Bataillon d’intervention rapide depuis 2014, ancien élève de l’École de guerre du Cameroun et de l’École nationale des officiers du Sénégal, celui qui a aussi dirigé plusieurs contingents onusiens est à sa place dans une telle cérémonie. Mais ce sera sa dernière apparition publique.

La suite, ce sont des mois d’enquête dans la plus grande discrétion. Tout juste apprend-on quelques mois plus tard par l’AFP que l’arme du crime a été identifiée. Nous sommes alors en novembre 2020. Le procureur chargé de l’enquête sort enfin de son silence alors que la société civile s’insurge depuis de longues semaines sur le silence des autorités.

Les habitants de son village natal Siou, à plus de 500 km au Nord de Lomé, ont aussi manifesté à plusieurs reprises pour exiger que “toute la lumière” soit faite sur cet assassinat. Le procureur admet avoir fait appel à des balisticiens ghanéens et avoir sollicité l’expertise de la justice française, mais aucune information officielle ne filtre sur les auteurs ou commanditaires supposés. Rien non plus sur le mobile. Certains journaux togolais estiment toutefois que le crime serait dû à un règlement de compte au sein de l’armée.

En janvier 2023, néanmoins, un rebondissement intervient avec l’arrestation du général Félix Abalo Kadangha. Ancien chef d’état major de l’armée togolaise, il préside alors la Commission nationale de lutte contre la prolifération, circulation et le trafic illicites des armes légères et de petits calibres.

Le général Kadangha aura été ces dernières semaines l’accusé vedette du procès. Il est aussi celui qui écope de la plus lourde peine : vingt ans d’incarcération. Le ministère public en avait réclamé cinquante.

Il était jugé aux côtés de six autres militaires pour “assassinat, complicité d’assassinat, complicité d’entrave au bon fonctionnement de la justice et complot contre la sécurité intérieure de l’Etat”. Deux d’entre eux, dont le chauffeur de la victime, ont été condamnés à quinze ans de prison et deux autres à cinq ans d’emprisonnement. Deux accusés ont été acquittés.