Saleh Kebzabo, opposant historique au président Idriss Déby Itno, a été nommé mercredi Premier ministre du Tchad, premier acte d’une nouvelle période de transition de deux ans confiée à Mahamat Déby Itno, au pouvoir depuis 2021.
Saleh Kebzabo, 75 ans, ancien journaliste, quatre fois candidat à la présidentielle contre feu le maréchal Déby, « est nommé Premier ministre », lit-on dans un décret signé par le chef de l’Etat. Le parti de Kebzabo avait déjà rallié il y a 18 mois le gouvernement nommé par la junte militaire dirigée par le jeune général Mahamat Déby.
Après sa nomination, Kebzabo a promis d’ « accompagner » le chef de l’Etat « dans une grande œuvre (..) les deux prochaines années pour la transition politique », en répondant à des questions de journalistes devant son domicile.
Saleh Kebzabo, après avoir été l’un des opposants les plus vindicatifs durant les dernières années du régime de Déby père, lequel a régné 30 années durant d’une main de fer sur le Tchad, avait reconnu rapidement l’autorité de son fils.
Deux cadres de son parti, l’Union Nationale pour le Développement et le Renouveau (UNDR), avaient rejoint en mai 2021 le premier gouvernement de transition nommé par la junte.
Mahamat Déby avait nommé Kebzabo vice-président du comité d’organisation du Dialogue National Inclusif et Souverain (DNIS), vivement critiqué par une grande partie de l’opposition et parmi les principaux mouvements rebelles.
Ces derniers lui reprochent d’avoir prolongé la transition samedi, maintenu Mahamat Déby à la tête de l’Etat et, surtout, de lui avoir permis de se présenter à la présidentielle dans deux ans, contrairement à un engagement pris devant la communauté internationale.
L’opposition, qui dénonçait un « coup d’Etat constitutionnel » en avril 2021 –à l’unisson d’ailleurs du parti de Kebzabo à ce moment–, considère que le DNIS a perpétué samedi « la dynastie Déby » au pouvoir.
Saleh Kebzabo, député, a été plusieurs fois ministre du défunt Déby père –des Affaires étrangères notamment — dans les années 1990 quand son parti a signé un accord de gouvernement avec celui du président, avant de claquer la porte en 1996.
Il a ensuite été quatre fois candidat à la présidentielle, 1996, 2001, 2008 et 2016. L’opposant avait retiré sa candidature quelques jours avant le scrutin de 2021 qu’il avait appelé à boycotter en raison de l’invalidation d’autres candidats et la répression de manifestations de l’opposition.