Le président Mahamat Kaka semble avoir pris la décision de rompre les accords de défense avec Paris dans la précipitation. Tout est parti de son audience avec le ministre des Affaires étrangères de la France, Jean-Noël Barrot.
Lorsque le ministre des Affaires étrangères de France est arrivé au Tchad, il s’est rendu dans la zone de recasement des réfugiés soudanais. Lors de son audience avec le président tchadien, il a décrié le jeu de N’Djamena dans cette crise, en accentuant son argumentaire sur les droits et la protection des civils soudanais. Paris craint un embrasement. Kaka s’est emporté, car quelques semaines auparavant, le Tchad avait perdu plusieurs soldats dans la zone du lac sans que l’armée française n’intervienne, malgré ses trois bases à N’Djamena, Abéché et Faya-Largeau. Le président tchadien lui aurait rappelé ces manquements dans la coopération contre le terrorisme. C’est après son départ pour Dakar que le communiqué de rupture des accords militaires a été annoncé par la présidence tchadienne.
Selon des sources tchadiennes, le président Kaka aurait dépêché à Paris le général Serge Kogri. Cette information est confirmée par le journal en ligne tchadien TchadOnline. Cette source a annoncé que Kogri est arrivé à Paris où il rencontrera « des officiels français de très haut niveau ».
L’envoyé spécial de N’Djamena devra rassurer Paris sur les bonnes intentions du Tchad qui, il faut le dire, n’entend pas véritablement rompre définitivement avec la France. Malgré la mise en place par la commission chargée de préparer les instruments de dénonciation des accords, il faut s’attendre à une reprise du partenariat militaire sous une nouvelle forme, conformément aux nouvelles orientations de Paris et au cahier des charges de Jean-Marie Bockel.