Le président Tchadien Idriss Deby Itno

La Cour suprême tchadienne a validé dix dossiers pour les prochaines élections présidentielles, prévues le 11 avril prochain. Mais certains candidats de l’opposition ont décidé de jeter l’éponge.

Le président tchadien Idriss Déby Itno ne devrait avoir face à lui que sept adversaires le 11 avril. Et ce, malgré que la Cour suprême tchadienne a validé dix dossiers pour les prochaines élections présidentielles. En effet, jeudi 4 mars, le candidat de la plateforme « Alliance Victoire » a, à son tour renoncé à se présenter. Théophile Bongoro Bebzoune, néophyte en politique, avait été désigné récemment candidat unique de l’éphémère coalition de partis d’opposition à la place de Saleh Kebzabo, coalition qui a éclaté depuis.

Si son dossier a également été retenu, le principal opposant et rival historique du président, Saleh Kebzabo, lui aussi, a annoncé deux jours plus tôt qu’il retirait sa candidature, dénonçant une « militarisation évidente du climat politique » au lendemain de la tentative d’arrestation d’un autre candidat déclaré, Yaya Dillo Djerou, dans un assaut meurtrier de la police et de l’armée contre son domicile de N’Djamena.

Répression sanglante

Des ONG internationales, l’ONU et la France ont réclamé une enquête « impartiale » sur l’assaut meurtrier contre le domicile de Dillo Djerou qui, selon son parti, a coûté la vie à cinq membres de sa famille. Le gouvernement n’a reconnu la mort que de sa mère et de deux soldats. Dillo Djerou, visé par deux mandats d’amener pour « diffamation et injures » à l’égard de l’épouse de Déby, a pu s’échapper.

Depuis quelques mois, le gouvernement interdit systématiquement et réprime durement toute tentative de manifestation de l’opposition et de la société civile qui réclament « l’alternance et plus de justice sociale ». Amnesty international a dénoncé des « restrictions disproportionnées du droit à la liberté de réunion pacifique » et des « arrestations arbitraires ».

Lundi, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a réclamé une « enquête rapide et rigoureuse », « déploré le recours à la force dans le cadre du processus électoral au Tchad » et demandé à N’Djamena de « favoriser un dialogue politique ».

Ce mercredi, la Cour suprême a rejeté notamment les candidatures de M. Dillo Djerou et de Succès Masra, jeune étoile montante de l’opposition, très critique à l’égard du régime, au motif, entre autres, que leurs partis n’étaient pas « légalement constitués ».

Selon les experts, le candidat qui a le plus de chances de récolter un nombre relatif de voix, est Félix Nialbé Romadoumngar, officiellement « chef de file de l’opposition » parce qu’à la tête du parti comptant le plus de députés à l’Assemblée nationale loin derrière le tout-puissant Mouvement Patriotique du Salut (MPS) de Déby.