Le chef de l’État tchadien Idriss Déby Itno a été investi sans surprise par son parti candidat pour un sixième mandat à l’élection présidentielle du 11 avril prochain.
L’opposition tchadienne a appelé samedi à des manifestations pour réclamer plus de justice sociale et l’alternance politique, qui ont été interdites par les autorités, au motif qu’elles risquent « d’engendrer des troubles à l’ordre public ». Idriss Déby, âgé de 68 ans, dirige le Tchad d’une main de fer, à la tête de son parti, le Mouvement patriotique du salut (MPS).
Succès Masra, un des principaux opposants au président Déby, a trouvé refuge samedi dans le périmètre de l’ambassade américaine à N’Djamena après la dispersion par la police, à l’aide de gaz lacrymogène, d’une manifestation à laquelle il participait, selon l’AFP.
« Nous devons nos vies à ces officiers de l’ambassade des États-Unis qui nous ont sauvés », a déclaré, dans une vidéo publiée sur Facebook, Succès Masra. L’opposant et 10 autres militants se sont réfugiés midi dans le périmètre de sécurité de l’ambassade américaine, interdite au public et où se trouve notamment un parking, selon un responsable de l’ambassade américaine.
Dictature de 30 ans
Arrivé au pouvoir par les armes en 1990 en renversant Hissène Habré, avec le soutien de la France, Idriss Déby est élu président à la suite de la première élection pluraliste en 1996 en recueillant 69 % des voix au second tour. Réélu depuis toujours au premier tour, le président tchadien est accusé de fraudes électorales par l’opposition.
Durant son discours d’investiture, il a déclaré vouloir « endiguer le terrorisme et l’insécurité en vue de permettre à notre pays de poursuivre sa marche sur la voie de l’émergence ».
Face à lui, douze responsables de partis politiques de l’opposition ont scellé mardi « une alliance électorale » pour présenter un candidat unique à l’élection présidentielle. « Il ne s’agit ni d’une fusion, ni d’un regroupement de partis, ni d’une coalition de partis, mais d’une alliance électorale dénommée Alliance Victoire. En adhérant à ce manifeste, chaque parti signataire renonce à présenter à titre individuel un candidat à la présidentielle », ont déclaré les douze signataires, parmi lesquels Saleh Kebzabo et Mahamat Ahmat Alabo, deux ténors de l’opposition.
Saleh Kebzabo était arrivé en deuxième position de l’élection présidentielle en 2016, recueillant 12,8% des voix. Certains partis n’ont, pour l’heure, pas rejoint l’alliance, notamment le mouvement de Laokein Kourayo Medar, arrivé en troisième position en 2016, tout comme Les Transformateurs de l’opposant Succès Masra.
Romadoumngar Nialbé Félix, président de l’Union pour le renouveau et la démocratie (URD), principale force d’opposition à l’Assemblée nationale avec huit députés, a quant à lui été investi par son parti candidat à la présidentielle.
La proclamation des résultats définitifs par la Cour constitutionnelle est prévue le 15 mai. Un second tour éventuel est fixé au 23 mai. L’élection présidentielle sera suivie par les législatives, fixées en juillet au 24 octobre 2021, après avoir été maintes fois repoussées depuis 2015.