La Banque mondiale a suspendu les nouveaux versements d’un financements de 150 millions de dollars destinés à l’agrandissement d’un parc national dans le sud de la Tanzanie, a déclaré son porte-parole mercredi, à la suite d’allégations de meurtres et d’expulsions commis par des gardes forestiers l’année dernière.
Deux plaignants anonymes ont accusé des gardes forestiers du parc national de Ruaha d’exécutions extrajudiciaires, de disparitions forcées, d’expulsions, de tortures et de saisies de bétail à l’encontre de villageois locaux, selon le mécanisme indépendant de traitement des plaintes de la Banque mondiale.
« La Banque mondiale est profondément préoccupée par les allégations d’abus et d’injustice liées au projet en Tanzanie », a déclaré son porte-parole dans un communiqué. « Nous avons donc décidé de suspendre tout nouveau versement de fonds avec effet immédiat ».
Le porte-parole du gouvernement tanzanien, Mobhare Matinyi, a déclaré de son côté que ces allégations étaient fausses, mais que le gouvernement enquêtait « pour déterminer s’il y avait eu une quelconque faute de la part d’un membre du personnel, afin de prendre les mesures qui s’imposent ». Il a précisé que la dernière tranche suspendue du prêt s’élevait à 25 millions de dollars.
Plusieurs initiatives du gouvernement tanzanien visant à développer le tourisme ont été critiquées par les défenseurs des droits de l’homme, notamment dans le nord du pays où des milliers de Masaï ont été expulsés de leurs terres ancestrales.
L’année dernière, un rapport de l’Oakland Institute, un groupe de réflexion basé en Californie, a accusé les gardes du parc de Ruaha de violences sexuelles et a déclaré que les communautés locales de toute la Tanzanie supportaient le coût associé au développement des revenus du tourisme sous le couvert de la protection de l’environnement.
Le gouvernement tanzanien affirme que l’expansion du secteur touristique est essentielle au développement économique et qu’il a accordé une compensation équitable aux personnes expulsées de leurs maisons.
Il est à rappeler que ce projet a été approuvé par le conseil d’administration de la Banque mondiale en 2017 et devrait se terminer en février 2025.