Le principal groupe pro-démocratie du Soudan s’en est pris vendredi aux Nations Unies, les accusant de ne pas avoir protégé la transition du pays vers la démocratie et d’être trop indulgents envers les généraux qui ont mené le coup d’État militaire de l’année dernière.
L’Association des professionnels soudanais, qui a mené des dizaines de manifestations depuis le coup d’État militaire en octobre, a une fois de plus rejeté une initiative de la Mission de l’ONU au Soudan visant à amener civils et militaires à la table des négociations.
“Votre mission n’a pas condamné explicitement le coup d’État”, a déclaré le groupe dans un communiqué. “Tous les mouvements de votre mission impliquaient une reconnaissance des autorités putschistes.”
Le Soudan est sur une voie fragile vers la démocratie depuis qu’un soulèvement populaire a forcé l’armée à destituer l’ancien président Omar El-Béchir en avril 2019.
Le bouleversement au Soudan s’est aggravé le mois dernier après la démission du Premier ministre Abdalla Hamdok, qui était le visage civil du gouvernement de transition au cours des deux dernières années.
Le Premier ministre, qui a été évincé lors du coup d’État d’octobre pour être réintégré un mois plus tard suite à une forte pression internationale, a démissionné le 2 janvier après l’échec de ses efforts pour parvenir à un compromis.
La déclaration de vendredi est intervenue alors que la Mission de l’ONU poursuivait ses consultations pour trouver une issue à la crise actuelle.
“En incluant les putschistes, vos consultations contredisent de manière flagrante les aspirations du peuple soudanais”, a déclaré le SPA, s’adressant à Volker Perthes, chef de la Mission intégrée d’assistance à la transition des Nations Unies au Soudan, ou UNITAMS.
Dans le même communiqué, la SPA a réitéré son opposition à toute nouvelle discussion ou partenariat avec l’armée. Le groupe a insisté sur le fait que l’armée doit se retirer de la politique et permettre à un gouvernement entièrement civil de diriger la transition.
Depuis le coup d’État, au moins 79 personnes ont été tuées et des centaines d’autres blessées dans une répression sanglante des manifestations, selon le Comité des médecins soudanais, un groupe médical qui suit les victimes parmi les manifestants.