C’est le procureur de la République qui en a fait l’annonce, hier jeudi. Il s’agit de la découverte des corps de 28 officiers de l’armée soudanaise, auteurs d’un coup d’Etat manqué en 1990, qui tentaient de renverser l’ex-chef de l’Etat, Omar El-Béchir. Ils ont été trouvés après trois semaines de recherches, dans une fosse commune, à Omdurman, une ville jumelle de Khartoum. C’est le second charnier découvert dans le pays depuis la chute de l’ancien chef de l’Etat soudanais.

« Il aura fallu trois semaines et la participation de vingt-deux experts de différents services pour la localiser. Des opérations sont en cours pour exhumer les corps et des médecins procèdent à des tests pour les identifier », a déclaré le procureur Tagelsir Al-Hebr, dans un communiqué. Selon l’AFP, ce sont des informations transmises par une commission d’enquête mise en place par les services du procureur, qui ont permis de localiser la fosse commune. 

Ces officiers avaient encerclé le quartier général de l’armée ainsi que plusieurs casernes avant d’être arrêtés et exécutés, rappelle la même source.

C’est le second charnier découvert dans le pays après qu’une autre fosse commune ait été retrouvée à la mi-juin, contenant des corps de dizaines de soldats, également exécutés en 1998 par le régime de l’ancien homme fort du Soudan, alors qu’ils essayaient de déserter le camp militaire d’Ailefoum, au sud-est de Khartoum.  C’est la commission chargée d’enquêter sur les meurtres commis dans ce camp qui avait révélé l’existence de ce charnier. 

Selon la version officielle, servie par le régime d’Omar El-Béchir d’alors, ces jeunes soldats conscrits étaient morts noyés dans le Nil bleu après que leur bateau eut coulé. Mais les 55 corps que le régime disait avoir repêchés n’ont jamais été remis à leurs familles. D’ailleurs, cette version a été contestée par des rescapés et les familles de victimes, qui faisaient état de centaines de morts.

Plus de 300 000 et 2,5 millions de déplacés au Darfour

Ces soldats conscrits combattaient contre les rebelles de la riche région pétrolière du Sud pour le régime d’El-Béchir, avant que cette partie du pays ne fasse sécession en 2011. Selon l’ONU, le conflit au Darfour, qui a débuté en 2003 entre le régime à majorité arabe de Béchir et des insurgés issus de minorités ethniques, a causé au moins 300 000 morts et poussé près de 2,5 millions de personnes à l’exil.

Chassé du pouvoir en août 2019, El-Béchir, actuellement détenu à la prison de Kober, à Khartoum, a été reconnu coupable de corruption en décembre 2019. Il est également sous le coup de deux mandats d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour « crimes de guerre », « crimes contre l’humanité » et « génocide » au Darfour.

Depuis son départ du pouvoir, le Soudan a mis en place un gouvernement civilo-militaire de transition, chargé de diriger le pays durant trois ans.

Omar El-Béchir (76 ans), a comparu mardi dernier avec ses 27 co-accusés devant une Cour spéciale à Khartoum pour coup d’Etat, qui l’avait porté au pouvoir en 1989. Mais l’audience qui n’a duré qu’une heure, a été reportée au 11 août prochain, la salle n’ayant pas pu accueillir les 191 avocats de la défense. 

El Béchir et ses co-accusés risquent la peine de mort pour avoir renversé, il y a 30 ans, le gouvernement élu de l’ex Premier ministre, Sadek El-Mahdi.