Le bilan s’est alourdi au Soudan, passant à plus de 180 morts et 1 800 blessés lors des combats entre les deux généraux rivaux, Abdel Fattah al-Burhan et Mohamed Hamdane Daglo, dit « Hemedti », qui se disputent le pouvoir. C’est ce qu’a indiqué, lundi 17 avril, le chef de la Mission de l’ONU au Soudan, Volker Perthes, qui a déclaré à la presse que « la situation est très changeante » et qu’« il est difficile d’évaluer dans quel sens l’équilibre évolue ».

Au troisième jour des combats entre l’armée et une puissante force paramilitaire, dirigées par deux généraux rivaux qui se disputent le pouvoir, les tirs et les explosions ont redoublé d’intensité, hier lundi à Khartoum.

Les combats avaient éclaté samedi, faisant au moins 56 morts au premier jour. A Khartoum, la capitale, les habitants sont barricadés chez eux, privés d’eau courante et d’électricité pour la plupart. Les rares épiceries encore ouvertes ont averti qu’elles ne tiendraient que quelques jours si aucun camion n’arrive, alors que les hôpitaux qui accueillent les blessés n’ont plus ni sang ni équipements.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), « plusieurs des neuf hôpitaux de Khartoum qui reçoivent des civils blessés n’ont plus de sang, d’équipements de transfusion, de fluides intraveineux et d’autres matériels vitaux ».

Les “couloirs humanitaires” de trois heures annoncés, dimanche après-midi, par les deux belligérants n’ont pas changé la donne, puisque les explosions et les tirs continuent à Khartoum.

L’ONU, qui avait proposé cette trêve humanitaire, s’est dite « extrêmement déçue » par ces violations, dénonçant « une intensification des combats », lundi matin.

Le Programme alimentaire mondial (PAM), a suspendu dimanche, son aide après la mort de trois de ses employés, tués dans des combats au Darfour (Ouest).

L’ambassadeur de l’UE au Soudan agressé

L’ambassadeur de l’UE au Soudan, l’Irlandais Aidan O’Hara, a été «agressé » chez lui, a annoncé, lundi soir, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. « Il y a quelques heures, l’ambassadeur de l’UE au Soudan a été agressé dans sa résidence », a tweeté Josep Borrell. Dénonçant « une violation flagrante » de la Convention de Vienne, il a rappelé que les autorités soudanaises avaient la responsabilité d’assurer la sécurité des installations.

Cependant, selon la porte-parole du service diplomatique de l’UE, Nabila Massrali, la délégation de l’UE n’avait pas été évacuée.

Pour l’heure, aucun des deux camps n’a communiqué sur leurs pertes. L’armée de l’air bombarde régulièrement les QG des FSR, composés d’anciens miliciens de la guerre dans la région du Darfour devenus les supplétifs officiels de l’armée.

Dimanche soir, l’armée assurait que la situation était « stable », alors que les FSR affirmaient être « sur la voie de l’emporter définitivement ».

Les FSR ont annoncé, lundi, avoir pris l’aéroport et être entrés dans le palais présidentiel. Une information niée par l’armée qui assure surtout tenir le QG de son Etat-major, l’un des principaux complexes du pouvoir à Khartoum.

Les deux parties assurent également avoir pris la télévision d’Etat, mais selon des habitants proches, les combats se poursuivent entre les deux forces, alors que des chants patriotiques sont diffusés à l’antenne.

Il faut dire que ce conflit était latent depuis des semaines, entre le chef de l’armée, le général Abdel Fattah al-Burhane, le président de la transition, et son numéro deux, le général Mohamed Hamdane Daglo, dit “Hemedti”, à la tête des Forces de soutien rapide (FSR). Les deux hommes avaient mené ensemble le putsch d’octobre 2021, écartant les civils du pouvoir.

Après la Ligue arabe,  l’Union africaine et l’ONU, les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont appelé, lundi, à la « cessation immédiate » des combats.