« Les autorités soudanaises doivent protéger les garçons et les filles de la violence », a déclaré hier jeudi, un haut responsable du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), à la suite des récents affrontements intercommunautaires meurtriers dans l’Ouest du Darfour et des manifestations dans la capitale, Khartoum.
Kambou Fofana, directeur régional par intérim de l’UNICEF pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, a lancé cet appel dans une déclaration, sur l’usage excessif de la force contre les enfants.
Fofana a signalé qu’une augmentation de la violence intercommunautaire dans l’Ouest du Darfour, plus récemment à Jebel Moon, a entraîné un nombre élevé de décès, avec des enfants parmi les victimes.
Des familles continuent d’être déplacées par les combats, et l’UNICEF a également reçu des informations faisant état de violences sexistes dans la région.
Des enfants et des femmes figuraient également parmi les personnes blessées lors des manifestations à Khartoum en début de semaine, a-t-il ajouté.
Des milliers de personnes sont descendues dans la rue dimanche pour marquer le troisième anniversaire du soulèvement qui a conduit au renversement en avril 2019 du président Omar El-Béchir, qui avait régné pendant trois décennies.
« Nous suivons de près les informations poignantes faisant état de viols de femmes et de filles pendant les manifestations », a déclaré M. Fofana.
Pendant ce temps, le responsable de l’ONU luttant pour éradiquer le viol en temps de guerre, était également gravement préoccupé par les informations faisant état de violences sexuelles et de harcèlement sexuel par les forces de sécurité soudanaises lors des manifestations.
Pramila Patten, Représentante spéciale du Secrétaire général sur la violence sexuelle en période de conflit, a exprimé sa profonde préoccupation face à des informations crédibles faisant état de graves violations des droits de l’homme, notamment le recours au viol et au viol collectif de femmes et de filles, pour disperser les manifestants qui avaient tenté de tenir un siège à deux pas du Palais de la République.
Alors que certaines survivantes ont déposé des plaintes judiciaires et demandé une assistance médicale, d’autres ne l’ont pas fait en raison de la stigmatisation sociale, de la peur des persécutions et des représailles, a déclaré jeudi son bureau.
Mme Patten a souligné que l’absence de responsabilité pénale pour ces crimes peut empêcher les survivants de demander réparation et perpétuer des « cycles d’impunité » qui entravent les efforts de consolidation de la paix et de rétablissement.
Elle a exhorté les autorités soudanaises à prendre des mesures efficaces pour garantir que les survivants aient accès à un soutien médical, juridique et psychosocial, et à établir des mécanismes de responsabilisation pour empêcher la récurrence de telles violences, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations Unies.
« Les auteurs de ces violations des droits humains doivent être identifiés et poursuivis », a déclaré Mme Patten.
« Je me joins à l’appel du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme pour une enquête rapide, indépendante et approfondie sur les allégations de viol et de harcèlement sexuel ».
Elle a également demandé aux autorités soudanaises de travailler avec l’ONU pour mettre en œuvre un cadre de coopération sur la prévention et la réponse aux violences sexuelles liées aux conflits, signé l’année dernière.
Mme Patten a en outre appelé la communauté internationale, y compris les membres du Conseil de sécurité, à user de leur rôle de bons offices auprès des dirigeants soudanais pour exiger la fin de toutes les formes de violence et d’intimidation contre les civils, y compris les violences sexuelles.
“Avec d’autres manifestations prévues, il est crucial que les forces de sécurité agissent dans le plein respect des lois et normes internationales réglementant le recours à la force”, a-t-elle déclaré.