Les combats ont continué, dimanche, au Soudan, opposant pour la deuxième journée consécutive l’armée soudanaise à une redoutable force paramilitaire. Les deux parties dirigées par deux généraux aux commandes du pays depuis le putsch de 2021, se disputent le pouvoir. Au moins 56 civils et trois employés humanitaires de l’ONU ont été tués, hier, en milieu de journée. Le chef de Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a annoncé, le même jour, qu’il se rend sur place.

Selon un bilan provisoire annoncé par le syndicat des médecins, hier dimanche, dans la matinée, les violents combats qui ont éclaté, samedi, au Soudan entre les soldats de l’armée régulière et les FSR, la milice du numéro 2 de la Transition, le général Hemedti, avaient déjà fait au moins 56 morts parmi les civils, des dizaines d’autres chez les belligérants et plusieurs centaines de blessés.

Depuis samedi, les raids aériens se multipliaient, des tirs d’artillerie étaient entendus, avec des combats de rue au fusil automatique ou à la mitrailleuse lourde. Les habitants de Khartoum, la capitale soudanaise, étaient privés d’eau et d’électricité. Les combats se déroulent principalement dans la capitale et au Darfour, dans l’Ouest du pays. Mais le conflit s’est étendu à de nombreuses villes, notamment à Port-Soudan et Kassala, dans l’Est du Soudan et à El-Obeid au centre.

Les bombardements avaient continué toute la nuit du samedi et les combats faisaient encore rage entre les deux camps, dimanche matin, notamment au quartier général de l’armée régulière.

A 14H00 GMT, dimanche, l’armée et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont annoncé pour trois heures des « couloirs humanitaires » pour évacuer les blessés, chaque camp se gardant un « droit de riposte en cas de violation » de l’accord.

Le président de la Commission de l’Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, annonçait, en milieu de journée, hier, qu’il se rendait « immédiatement » au Soudan « pour engager les parties vers un cessez-le-feu ».

L’UA a exprimé sa « profonde inquiétude » sur la situation et a appelé les forces des deux généraux à « protéger les civils », dans un communiqué publié à l’issue d’une réunion d’urgence du Conseil de paix et sécurité de l’organisation, dimanche après-midi.

Dans le même temps, l’organe en charge des conflits et questions de sécurité au sein de l’UA « demande au Président de la Commission de l’UA de continuer à user de ses bons offices pour dialoguer avec les parties en conflit afin de faciliter le dialogue et la résolution pacifique du conflit au Soudan et se félicite de sa volonté à se rendre immédiatement au Soudan pour engager les parties vers un cessez-le-feu », même si aucun autre détail supplémentaire sur cette mission de paix n’a été donné.

L’Union africaine a aussi exhorté les deux camps à « adopter rapidement une solution pacifique et un dialogue inclusif pour résoudre leurs différends » et « rejeté fermement toute ingérence extérieure qui pourrait compliquer la situation au Soudan ».

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé, dimanche, la suspension de ses opérations au Soudan, pour des raisons sécuritaires, après la mort de trois humanitaires qui travaillaient pour cette agence onusienne. Ils ont été tués « samedi en accomplissant leur travail au Darfour-Nord», a précisé Volker Perthes, Emissaire de l’ONU au Soudan.