Les États-Unis avaient annoncé la réouverture d’une ambassade dans la capitale somalienne Mogadiscio.

Les Etats-Unis s’enlisent en Somalie. Le Pentagone annonce quasi quotidiennement de nouvelles frappes contre les islamistes shebab dans le pays, sans paraître affecter la capacité de ce groupe affilié à Al-Qaïda à déstabiliser le pays. Les experts parlent déjà d’une nouvelle « guerre sans fin » pour les Etats-Unis.

Alors que Washington envisage de réduire sa présence en Afrique pour recentrer ses efforts vers les concurrents stratégiques des Etats-Unis – la Chine et la Russie – au dépens de l’aide à l’opération anti-terroriste dirigée par la France au Sahel, la guerre d’usure contre les shebab ne semble pas remise en question.

« Les shebab sont l’une des menaces les plus sérieuses du continent. Ils aspirent à attaquer notre pays », a récemment souligné le général Roger Cloutier, commandant des forces terrestres américaines en Afrique, cité par l’AFP.

« Le danger qu’ils représentent doit être pris très au sérieux », a-t-il ajouté au cours d’une conférence téléphonique au Pentagone. « C’est pourquoi nous nous focalisons sur eux ». Vendredi encore, le commandement américain pour l’Afrique (Africom) a annoncé dans un communiqué avoir mené une frappe aux alentours de Qunyo Barrow, dans le sud de la Somalie, tuant un combattant shebab.

C’était la vingtième frappe de l’armée américaine contre les shebab en Somalie depuis le début de l’année, après 64 en 2019 et 43 en 2018, selon les décomptes du centre de réflexion New America.

On estime que le groupe des shebab comptent actuellement 5.000 à 9.000 combattants, et si les Etats-Unis s’en tiennent à leur logique, à raison d’un ou deux combattants éliminés chaque jour, il leur faudra au moins 13 ans pour en venir à bout. Une nouvelle « guerre sans fin », de celles honnies par le président Donald Trump.

Dans le premier rapport public sur l’opération militaire américaine en Somalie, publié en février, l’inspecteur général du ministère de la Défense Glenn Fine rappelait que la mission confiée à l’Africom est officiellement d’avoir, d’ici 2021, suffisamment diminué les shebab, le groupe Etat islamique en Somalie et les autres groupes extrémistes d’Afrique de l’Est pour qu’ils ne puissent plus nuire aux intérêts des Etats-Unis ».

Or, « malgré des frappes américaines continues et l’assistance américaine aux forces africaines partenaires, les shebab apparaissent comme une menace croissante qui aspire à frapper le sol américain », ajoutait le bureau de l’inspecteur général, un organisme indépendant du Pentagone.

De fait, des shebab ont attaqué le 5 janvier une base militaire américano-kényane à Lamu, dans le sud-est du Kenya, près de la frontière avec la Somalie, tuant trois Américains. Et le 28 décembre, ils ont mené l’une des opérations les plus meurtrières de la décennie en Somalie, l’explosion d’un véhicule piégé dans la capitale Mogadiscio, qui a fait 81 morts.