La Somalie s’enfonce dans la crise politique: le président Farmajo est jugé illégitime par l’opposition, après la fin officielle de son mandat dimanche soir sans que le pays soit parvenu à organiser des élections.
« A partir du 8 février, le conseil des candidats de l’opposition ne reconnaît plus Farmajo comme président légitime » et « n’acceptera aucune forme d’extension de son mandat sous la pression », a annoncé dimanche soir dans un communiqué une alliance regroupant plusieurs dirigeants ayant des ambitions présidentielles.
De quoi déstabiliser un peu plus ce pays dont le fragile gouvernement fédéral, aux prises avec les insurgés radicaux shebab, ne contrôle qu’une partie du territoire, malgré le soutien de la force de l’Union Africaine en Somalie (AMISOM).
Le 17 septembre, le président Mohamed Abdullahi Mohamed, surnommé Farmajo, avait trouvé un accord avec cinq leaders régionaux et le maire de Mogadiscio pour tenir des élections avant la fin de son mandat le 8 février.
Ce pacte abandonnait la promesse du « un homme, une voix », un objectif ambitieux que la Somalie s’était initialement fixé pour tenir ses premières élections entièrement démocratiques depuis 1969, mais qui a achoppé sur de multiples désaccords politiques et surtout pour des raisons sécuritaires.
A la place, le pays était censé organiser des élections indirectes, en revisitant son système complexe où des délégués spéciaux choisis par une myriade de chefs de clans élisent les parlementaires, qui votent ensuite pour le président.
Impasse
Mais ce processus a également débouché sur une impasse: les discussions entre le gouvernement fédéral et les Etats régionaux se sont achevées sans accord vendredi, et les deux camps se rejettent la faute.
L’alliance des candidats de l’opposition appelle désormais Farmajo à « respecter la constitution » et réclame la formation d’un conseil national de transition, composé des présidents des deux chambres parlementaires, de leaders régionaux et de groupes issus de la société civile, pour conduire le pays aux prochaines élections.
L’ONU, les Etats-Unis, l’Union européenne, la mission Amisom de l’Union Africaine et une vingtaine d’autres partenaires internationaux de la Somalie ont réagi d’une même voix dans un communiqué commun lundi. Ils ont expliqué « croire qu’il est encore possible d’atteindre un consensus » et ont appelé les différents dirigeants du pays « à reprendre rapidement leur dialogue », afin de permettre la tenue d’élections « dès que possible ».