Le Magal de Touba , la plus grande fête religieuse de la confrérie mouride du Sénégal, contrairement à ce que d’aucuns pensent, commémore non pas le retour d’exil de Cheikh Ahmadou Bamba, déporté au Gabon en 1895 par les autorités coloniales de l’époque, mais plutôt le départ !
Des hordes de pèlerins au Sénégal ont commencé à converger vers la ville sainte de Touba, depuis la semaine dernière, avant le point d’orgue de la plus grande fête du calendrier mouride, de ce lundi 5 octobre 2020 au mardi 6 octobre.
Cette fête religieuse de la confrérie mouride, un puissant ordre musulman soufi du Sénégal, célèbre le départ en exil de son guide spirituel , Cheikh Amadou Bamba, connu sous le nom de Serigne Touba.
C’est l’une des dates les plus importantes du calendrier religieux au Sénégal et elle attire généralement des centaines de milliers de fidèles de tout le pays et aussi d’Afrique de l’Ouest.
Mais le Magal de cette année marque la première manifestation du genre au Sénégal depuis l’éclosion de la pandémie de coronavirus, faisant craindre une éventuelle propagation.
Les autorités religieuses sont toutefois convaincues de maîtriser la situation.
« Nous pouvons être rassurés car Dieu érigera un bouclier entre la maladie et nous », a déclaré ce mois-ci le Porte-parole de la confrérie aux médias locaux.
Contrairement aux célébrations précédentes, les mourides n’organiseront aucune cérémonie officielle cette année et diffuseront des conférences en ligne.
Les fidèles devront également porter des masques faciaux et faire la queue en file indienne pour entrer dans la somptueuse Grande Mosquée de Touba.
Plus de 90% du Sénégal est musulman et la plupart des fidèles suit des confréries soufies, qui conservent un poids économique et politique considérable dans cette nation de 16 millions d’habitants.
– Ville sainte –
Le Magal, signifie célébration en langue wolof. C’est l’occasion de préparer des mets pour les pèlerins et de célébrer la vie et les enseignements de Cheikh Amadou Bamba, le fondateur de la confrérie mouride décédé en 1927.
Opposant pacifique au colonialisme, les autorités françaises l’exilèrent au Gabon de 1895 à 1902, puis en Mauritanie de 1903 à 1907 avant d’être autorisé à retourner au Sénégal, où il fut assigné à résidence à son domicile de Diourbel ,dans le Nord du pays. .
Le chef religieux a fondé la ville sainte de Touba, au centre du Sénégal, en 1888. Depuis, elle est devenue la deuxième plus grande du Sénégal après la capitale Dakar, avec quelque 1,5 million d’habitants.
En plus d’être une fête religieuse, le Magal a aussi une dimension politique, avec le défilé de politiciens de tous bords venus témoigner de leur considération à l’égard des autorités spirituelles.
Les responsables de la santé garderont un œil attentif sur les foules immenses cette année, mais le gouvernement a validé la capacité de la confrérie à gérer l’événement.
« Si vos recommandations sont suivies à la lettre, nous pouvons espérer un Magal sans risques », a dit lundi le Président sénégalais Macky Sall à l’actuel dirigeant mouride à Touba.