Le Parti démocratique sénégalais (PDS) créé par Abdoulaye Wade souhaite que le fils de l’ex-président, Karim, soit candidat à l’élection.

Dans un communiqué publié il y a deux jours, le Collectif des avocats de Karim Wade, indique que ce dernier a recouvré son droit d’être électeur et candidat à toute élection au Sénégal. Cela, depuis le 21 août 2020.  Si l’annonce réjouit son parti, le PDS de l’ancien Président, Abdoulaye Wade, elle ne fait pas l’unanimité.

« Depuis le 21 août 2020, le Code électoral ne peut plus être invoqué par l’Etat du Sénégal pour faire obstacle à l’inscription de Karim Wade sur les listes électorales et à sa candidature à toute élection », écrivent, en effet, les avocats du fils de l’ancien chef de l’Etat sénégalais dans leur communiqué.

 En effet, ajoutent-ils, « l’article L32 du Code électoral limite cette interdiction d’inscription sur les listes à une durée de 5 ans. Ainsi, depuis le 21 Août 2020, Karim Wade devient électeur et éligible en vertu de la loi électorale et par l’expiration du délai de 5 ans suivant la décision de la Cour suprême du 20 Août 2015 qui avait rejeté son pourvoi contre l’arrêt de condamnation par la CREI ».

Karim Wade a été condamné en 2015 à six ans de prison et une lourde amende de 138 milliards de FCFA, environ 210 millions d’euros pour enrichissement illicite. Il avait été gracié par le Président Macky Sall en 2016, et vit actuellement en exil au Qatar. Sa candidature à la Présidentielle de 2019 avait été rejetée, et son parti, le PDS qui n’avait pas désigné un autre candidat avait finalement boycotté le scrutin. 

Cette annonce faite par ses avocats réjouit naturellement ses partisans et le PDS, qui annonce préparer le retour du fils de l’ex-chef de l’Etat au Sénégal, en vue notamment de la prochaine élection Présidentielle de 2024.

 « Evidemment, le PDS prépare son retour. C’est une question de stratégie. La diplomatie ne se fait pas dans la rue. Nous sommes en train de nous concerter pour voir quand ce sera possible. Notre crédo, c’est la reconquête du pouvoir », a indiqué Assane Ba, Secrétaire national du PDS, chargé de la mobilisation et de la propagande, sur RFI. 

Toutefois, l’argument développé par les avocats de Karim Wade est rejeté par d’autres juristes, qui soulignent que cette mesure ne s’applique que dans certains cas, pour des courtes peines. 

Karim Wade, une pomme de discorde au PDS

Le PDS continue donc de miser sur Karim Wade, alors que la décision du parti de n’envisager aucune autre candidature en dehors du fils de l’ancien Président Wade lors de l’élection de 2019, avait déjà créé des dissensions au sein du parti. Ancien fidèle collaborateur et avocat d’Abdoulaye Wade, Me Madické Niang avait décidé de se présenter à l’élection Présidentielle, provoquant ainsi la rupture avec Abdoulaye Wade après de longues années de compagnonnage.

A sa suite, d’autres ténors du parti, dont l’ex numéro 2, Oumar Sarr, avaient quitté le navire. Ancien Porte-parole du parti et avocat de Karim Wade, Me El Hadji Amadou Sall, avait également décidé de rompre avec le parti, en même temps que d’autres grosses pointures du PDS comme Babacar Gaye, tous d’anciens ministres sous le régime d’Abdoulaye Wade.

D’ailleurs, selon plusieurs observateurs, le PDS n’est aujourd’hui composé que de « Karimistes » , (pro-Karim), alors que les figures emblématiques du parti, qui ont cheminé avec Abdoulaye dans l’opposition, ont presque tous tourné le dos au parti.

Dans tous les cas, le chantier est énorme pour Karim Wade qui devra rebâtir un parti décimé et regagner le terrain perdu dans le champ politique. Une mission difficile pour le fils de l’ex-chef de l’Etat, reclus à Doha et presque aphone.