Khalifa Sall sort du bois. Le maire de Dakar sera candidat à l’élection présidentielle sénégalaise de 2019. Que Ousmane Tanor Dieng, secrétaire général de son parti – le parti socialiste – soit d’accord ou pas. Qu’une scission soit créée dans le PS ou non.

Des chances sérieuses de l’emporter

Khalifa Sall, plus âgé que Macky Sall – il aura 62 au moment de la présidentielle de 2019 – va jouer son va-tout.
Il a ses chances si la situation économique difficile que traverse le Sénégal perdure, les populations ne sachant plus à quel saint se vouer. Il y a aussi que l’opposition autour de l’ex-président Abdoulaye Wade sera prête à s’allier avec n’importe qui pour battre Macky Sall, considéré comme celui qui a envoyé son fils Karim Wade en prison.
Wade et Khalifa Sall se sont d’ailleurs rencontrés à Paris.

Posture économique difficile pour Macky

Le président Macky Sall – qui va briguer un deuxième mandat – a lui aussi des chances si ses chantiers sont achevés et si l’économie redémarre véritablement. Des chiffres proclamés qui ne traduisent pas la réalité du terrain ne pourront suffire.

Khalifa Sall capitalise sur une popularité boostée par ses réalisations à Dakar. Il a mis fin à l’occupation anarchique des trottoirs par les marchands ambulants et a réalisé des pavages appréciés par les populations. Le nouveau candidat s’est ainsi bâti à peu de frais une image de leader travailleur efficace.

Une popularité qui inquiète le pouvoir

Le pouvoir en place qui a senti le danger essaie de lui mettre des bâtons dans les roues en entravant maladroitement ses initiatives. C’est ainsi qu’un prêt de 20 milliards de FCFA qu’il avait négocié avec le soutien de la Banque mondiale et des Américains a été bloqué par le ministre de l’Economie et des Finances.
Les populations de Dakar n’ont pas apprécié. Khalifa Sall non plus.
Il sait qu’il est combattu et va rendre coup pour coup.

Jusqu’ici Ousmane Tanor Dieng avait réussi à le retenir, lui faisant remarquer qu’il était trop tôt pour engager un combat électoral pour 2019. Car lui sait que c’est la date véritable de la présidentielle.
D’ici là, l’actuel dirigeant socialiste voudrait continuer à profiter au maximum des délices du pouvoir partagé avec Macky Sall au sein de la coalition Benno Bokk Yakaar.

La capitale, mère des batailles

Il y a également de la jalousie de la part d’un secrétaire général qui a échoué à deux reprises à l’élection présidentielle. En s’effaçant devant Khalifa Sall, Ousmane Tanor Dieng signerait son arrêt de mort politique. Est-il prêt à passer le flambeau ? Ce n’est pas évident.

Khalifa Sall a pris sa décision et va passer outre. Comme pendant les élections locales lorsqu’il avait conduit la liste victorieuse : Taxawu Dakar en rupture avec Benno Bokk Yakaar.

Dakar n’est pas le Sénégal, mais concentre l’essentiel de l’activité économique du pays et surtout un tiers de l’électorat.
La capitale est bien la mère des bataille.

 

Crédit image : Copyright Skolkovo Foundation (cc-by-sa) – New Cities Summit 2012 – Khalifa Sall.