Hissène Habré a été reconduit, hier dimanche à la prison du Cap Manuel, à Dakar, où il purge une peine à perpétuité pour crime contre l’humanité. Cela, après que le juge a rejeté sa demande de renouvellement de sa permission. L’ex-président tchadien avait été autorisé, le 6 avril dernier, à sortir de prison pour 60 jours, par mesure sanitaire, en raison de la pandémie du Covid-19. Une autorisation arrivée à expiration, samedi 6 juin 2020.
Depuis 2 mois, l’ancien « dictateur » tchadien était sous surveillance pénitentiaire dans son domicile dakarois. Mais samedi soir, le garde des Sceaux sénégalais, Me Malick Sall, a annoncé que « l’affaire Hissène Habré est actuellement en instruction devant le juge de l’Exécution des peines. Il va devoir retourner demain (dimanche) en prison, comme cela avait été indiqué », sur une radio locale.
Une information confirmée par son épouse, Fatima Raymonde Habré. « C’est tout à fait vrai. La permission de sortie de 60 jours a pris fin ce samedi. Il y a quelques jours ; une démarche de renouvellement de cette permission a été initiée par nos avocats auprès des juges d’Application des peines’’, a-t-elle dit dans des propos rapportés par l’Agence de presse sénégalaise, précisant que la Justice sénégalaise a répondu négativement à cette demande, vendredi dernier.
Sa demande de renouvellement de permission rejetée
« Premièrement, elle a dit (la Justice), qu’il faut que le président Hissène Habré réintègre la prison avant de demander le renouvellement d’une autre permission. Deuxièmement, il ne pourrait la faire qu’après un mois passé en prison. Autrement dit, il faudrait attendre le 6 juillet pour refaire une demande », a-t-elle, en effet, ajouté.
Dans un communiqué publié, hier dimanche, Madame Habré a dénoncé, « des risques plus graves encore pour sa santé (Hissène Habré), qu’au début de la permission », faisant allusion à l’augmentation des cas de Coronavirus au Sénégal, qui compte actuellement plus de 4 000 cas de Covid-19.
Toutefois, Reed Brody, avocat pour l’ONG Human Rights Watch, (HRW) et défenseur des victimes d’Hissène Habré, a assuré à RFI, que selon les informations dont il dispose, les conditions d’incarcération d’Hissène Habré ne posent pas de problème sanitaire, soulignant que l’ancien président tchadien est incarcéré seul dans un pavillon spécial de la prison.
En exil au Sénégal depuis les années 1990, Hissène Habré a été condamné le 30 mai 2016, par les Chambres Africaines extraordinaires mises en place par l’Union Africaine, à la prison à perpétuité pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et tortures ; notamment pour des faits de violences sexuelles et viol.
Il doit, par ailleurs, allouer 82 milliards de francs CFA à 7 396 victimes identifiées.
Il a été condamné en appel en 2017 à la prison à perpétuité à Dakar pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, alors qu’il dirigeait le Tchad, entre 1982 et 1990.