L’affaire défraie la chronique depuis le vendredi 5 février 2021 au Sénégal. Grande figure de l’opposition au Sénégal, le leader du parti politique Pastef/Les patriotes, Ousmane Sonko, arrivé troisième lors de l’élection présidentielle de 2019 et député à l’Assemblée nationale, est accusé de viols et de menaces de mort par une jeune femme de 20 ans. Elle a déposé une plainte contre l’homme politique à la Section de Recherches de la gendarmerie de Colobane, à Dakar.
C’est le quotidien sénégalais Les Echos, qui a fait ébruiter l’affaire dans son édition de vendredi dernier. Une jeune femme, Adji Sarr, âgée de 20 ans, qui travaille dans un salon de massage, à Sacré-Cœur, un quartier huppé de Dakar, qui accuse Ousmane Sonko de viols répétés et de menaces de mort, a déposé une plainte contre le leader politique. La jeune femme a été auditionnée à deux reprises par les gendarmes-enquêteurs, en même temps que la propriétaire du salon. Elle a également été envoyée chez un spécialiste pour des prélèvements, selon la même source.
Selon l’accusatrice, Sonko se présentait régulièrement en qualité de client pour des séances de massage au salon Sweet Beauty Spa, mais exigerait toujours des faveurs sexuelles à la fin des séances, indique le quotidien dakarois.
Ousmane Sonko, son accusatrice, Adja Sarr, et une de ses collègues sont convoqués ce lundi matin à la Section de Recherches de Colobane.
Toujours dans le cadre de l’enquête, la propriétaire du salon de beauté, Ndèye Khady Ndiaye, a été placée en garde à vue à la Section de Recherches, pour incitation à la débauche et diffusion d’images contraires aux bonnes mœurs. Elle a été finalement libérée après avoir été longuement auditionnée par les enquêteurs, indique la même source.
Interrogé par le journal, Ousmane Sonko déclarait n’avoir pas encore reçu de plainte, vendredi. Il s’était empressé de dénoncer une cabale politique contre sa personne. « Des amis, y compris de l’Intérieur, n’ont cessé de m’alerter sur un complot à venir portant sur des questions de mœurs », a-t-il écrit sur sa page Facebook. Selon l’opposant, cette affaire n’est que la suite d’une série d’accusations pour ternir son image.
« Aucun homme politique n’a jamais été autant diffamé, calomnié et persécuté en si peu de temps. Et c’est révélateur de leurs tentatives de déstabilisation, aussi inlassables que vaines », poursuit Ousmane Sonko. Le leader de Pastef accuse le régime de vouloir le « liquider à tout prix avant 2024 », date des prochaines élections présidentielles.
Des séances de massage ont bien eu lieu au Sweet Beauty Spa
Hier dimanche 7 février 2021, Ousmane Sonko a tenu une conférence de presse à son domicile, donnant plus de détails sur cette affaire.
Dans sa déclaration, il reconnait avoir des problèmes de santé depuis très longtemps et qu’il a commencé les séances de massage en 2007 pour soulager les douleurs, sur recommandation de son médecin. « C’est ainsi qu’un de mes amis m’a proposé l’institut légal qu’est Sweet Beauté (le salon en question) pour faire un massage thérapeutique. Là, les responsables m’ont dit qu’il n’y a que des masseuses mais elles sont professionnelles. Malgré cela, j’ai appelé un de mes maîtres coraniques pour des conseils. Ce dernier m’a fait savoir que si c’est pour un traitement, il n’y a aucun inconvénient. Et à chaque fois, il y avait deux filles dans la salle pour s’occuper de moi. Je n’ai jamais été seul avec l’une d’elles. Pis, je ne suis jamais venu sur les lieux avec des armes », a poursuivi le leader de Pastef. Qui reconnaît, cependant, s’être rendu sur les lieux vers 21 heures, soulignant que « la loi me le permet en tant que député ».
Ousmane Sonko qui précise qu’il y a des caméras de surveillance dans les couloirs de l’Institut, s’interroge : « comment je peux violer une fille à quatre reprises» ? Et accuse : « je voudrais dire aux Sénégalais que c’est un complot ourdi par Macky Sall », citant également le ministre de l’Intérieur et le Procureur de la République.
« Je ne répondrai pas à la convocation »
Dans la foulée, Ousmane Sonko a annoncé qu’il ne répondra pas à la convocation des gendarmes de la Section de Recherches de Colobane, ce lundi matin à 11 heures.
« Ce qui est en jeu, c’est l’aboutissement de notre combat en 2024…Cette confrontation peut commencer dès demain. J’ai reçu une convocation qui m’a été amenée par un commandant. Après concertation avec mes avocats, nous avons décidé de ne pas déférer à la convocation », a déclaré l’homme politique, soulignant qu’on ne peut pas convoquer un député en cours d’exercice.
« Je tiens à ce que la procédure de levée de l’immunité parlementaire soit respectée. Si l’Assemble le lève mardi à 9 heures, à 9 heures 05 minutes, je serai à la Section de Recherches de Colobane », a-t-il poursuivi, annonçant dans le même temps, une plainte contre la masseuse, Adji Sarr, qui dit-il, aurait reçu de l’argent.
Dans son édition de ce lundi, le journal Libération a indiqué que la procédure pour la levée de l’immunité parlementaire du député Ousmane Sonko, sera enclenchée dès aujourd’hui. Une commission ad-hoc chargée de statuer sur cette demande de levée de l’immunité parlementaire sera mise en place, selon le média sénégalais.
Des responsables de l’opposition comme Barthélémy Dias, proche de Khalifa Sall, Mame Diarra Fam du PDS, l’ancien directeur de la société de transport Dakar Dem Dikk, Me Moussa Diop, ancien membre du parti présidentiel (APR) ou encore, Bougane Guèye Dany, leader du mouvement Guem Sa Bopp, ont déjà apporté leur soutien à Ousmane Sonko. Les autorités judiciaires n’ont pas encore communiqué sur cette affaire.